Joe Castro «Lush life – A Musical Journey»

Déc 01, 2015 at 00:02 1810

Biographie du pianiste de jazz Joe Castro

Joe Castro, né le 15.08.1927, – 13..12.2009 est un pianiste, compositeur et arrangeur de Jazz américain, qui s’est fait connaître dès le début des années 50 par ses talents de pianiste du style « Be-Bop». Il déménage à Los Angelèes et devient un pianiste très demandé et joue entre autres avec le ténor Teddy Edwards et le batteur Billy Higgins. Il enregistre trois albums sous nom entre 1957 et 1960 puis accompagne les chanteuses Anita O’Day et June Christy mais aussi Chico Hamilton, Red Mitchell, Neal Hefti etc. En 1963, il déménage à Las Vegas,  date à laquelle les amateurs perdront sa trace en tant que Jazzman. Il devient alors le pianiste, compositeur et arrangeur de nombreux orchestres des divers casinos de Las Vegas. Il y joue parfois du Jazz en petites formations mais sans jamais plus enregistrer officiellement. Un grand talent totalement oublié et qui reste un inconnu auprès de la plupart des amateurs. On dénombre 3 albums en leader et 10 en tant qu’accompagnateur, tous enregistrés entre 1956-1960.

Joe Castro : Lush Life – A Musical Journey. Sunnyside SSC 1391, novembre 2015. Commandez le coffret avec 6 CDs chez Amazon.fr et Amazon.com. Téléchargez la version MP3 chez Amazon.com.


Zoot Sims with the Joe Castro Trio : Live at Falcon Lair. Commandez ce CD chez Amazon.com et Amazon.fr.


Teddy Edwards Octet : Back To Avalon. Commandez ce CD chez Amazon.com et Amazon.fr.


Teddy Edwards Quartet, featuring Joe Castro, Leroy Vinnegar & Billy Higgins : Sunset Eyes. Commandez ce CD chez Amazon.com et Amazon.fr.


Joe Castro : Groove Funk Soul. Commandez ce CD chez Amazon.com et Amazon.fr.


June Christy (with Joe Casto and others) : The Cool School. Téléchargez cet album sous forme de MP3 chez Amazon.fr. Téléchargez la version MP3 des deux albums The Cool School et Do-Re-Mi de June Christy chez Amazon.com et commandez ce CD chez Amazon.com.

La musique de Joe Castro (albums, CDs)

Joe Castro … Connaissez-vous ? Possédez-vous des albums de ce superbe légendaire  pianiste ? Certain d’entre vous, fans avertis et grands spécialistes, très certainement mais pour la quasi-totalité, ce nom reste inconnu … Pourquoi ? Joe ne réalisa que très peu de séances et celles connues couvrent la période 1956-1960. Ensuite, il disparu de la scène musicale officielle.

Voici un coffret de 6 CDS, tout est INEDIT ! Joe décéda, en 2009 (né en 1927). Son fils, James, ayant des centaines de bandes inédites, fit le tour des labels dits de Jazz, dont certains très fameux. Mais aucun n’y a répondu favorablement. J’avoue avoir été plus que surpris et très déçu, comme quoi ceux qui disent défendre au et fort le Jazz ne sont pas forcément ceux qui agissent toujours …

Bref, ce fut un parcours du combattant pour James qui voulait absolument, enfin, faire connaître toutes les facettes de son père aux fans de cette musique. Finalement, c’est le label « Sunnyside Records» qui,  – d’ailleurs, sans faire grand bruit, reste toujours en course des labels qui enregistre et reste très actuel dans le domaine, – fut intéressé, via la grand producteur français Daniel Richard. Daniel coproduisit quasi toutes les séances de chez « Universal » & « Gitane Jazz» en France et ce, depuis la fin des années 80 jusqu’au milieu des années 2000, date à laquelle il fut, scandaleusement, remercié. Les amateurs connaissent beaucoup plus le nom de Jean-Philippe Allard, le « boss » du département à l’époque mais celui qui connaît TOUT et qui surpasse tout le monde de par ses compétences et son immense passion en la matière reste bel et bien Daniel Richard. Et c’est également toujours lui, avec son compère Jean-Philippe, qui a assis la renommée de « Universal Jazz France » dans le monde.

Daniel rencontre donc le fils de Joe Castro, James, et lui fait entendre des centaines de bandes inédites. C’est de la folie ! Tout remonte il y a un peu plus de 60 ans. Joe Castro rencontre, au milieu des années 50, la femme la plus riche du monde, Doris Duke. Elle aime le Jazz et croit en Joe. Elle supervise tous les enregistrements réalisé pour son amant et paye tous les musiciens. Ensemble, ils fondent le label « Clover Records », dédié à Joe. Ils parcourent alors le monde entier et vivent dans des résidences incroyables dont … celle nommée « Falcon Lair », à Beverly Hills, Los Angeles. Certains d’entre vous se souviennent, peut-être, de ce nom et de certains enregistrements, avec entre autres Stan Getz, Zoot Sims et bien d’autres … Il reste, d’ailleurs, un titre fameux, composé et arrangé par un des plus grands de tous les temps, Oscar Pettiford : « A Pendulum At Falcon’s Lair ». Il s’agit bien de cette résidence où OP y venait jouer et vivre très régulièrement. Tous les plus grands musiciens y sont venus, soit pour y passer de bons moments, soit pour y jouer des concerts privés. Le problème majeur est que tous ceux qui y ont joué et ont été enregistrés par Joe et Doris, aucun de leur enregistrements ne furent jamais publiés car chacun d’entre eux, à l’époque, étaient sous contrat avec des labels différents donc impossible à « dealer » quoi que ce soit afin de réaliser des albums car beaucoup trop compliqués à aboutir. Joe et Doris n’enregistrent pas toutes ces séances afin de réaliser des profits. Il s’agit uniquement de promouvoir les talents de Joe. Les années passent, les très nombreux voyages à travers le monde aussi. Tous ces enregistrements restent en suspens et finissent dans les tiroirs; personne ne s’en occupe … Mais, étonnamment,  Joe les garde tous, sans exception.

Nous vivons en l’an 2015 et je me pose cette question : outre toutes ces péripéties de contrats, ayant-droits, d’exclusivités artistiques et autres signatures, où est donc passé l’Art ? Et bien, il se trouve, en ce moment précis, entre vos mains et oreilles.

Je ne vais pas m’étendre sur tous les détails de la vie incroyable de Joe Castro, je vous propose d’aller lire le tout sur : joecastrojazz.com. Plus d’infos également chez sunnysiderecords.com et naive.fr.

Dans le milieu des musiciens, Joe a toujours eu très bonne presse. Beaucoup de musiciens de grands renoms, tels que « Sweets » Edison, JJ Johnson, Hank Jones, Oscar Peterson, Barney Kessel, Shelly Manne, Duke Ellington, Billy Strayhorn, Count Basie, Dizzy Gillespie, Charlie Parker, Coleman Hawkins, Benny Carter, Gerald Wilson, Lionel Hampton, Terry Gibbs, Gerry Mulligan, Nat King Cole, Zoot Sims, Stan Getz, Chico Hamilton, Stan Levey, Conte Candoli, Marty Paich, Clark Terry, Johnny Mandel, Lucky Thompson, Buddy Rich, Neal Hefti, Oscar Pettiford, Hampton Hawes, Woody Herman, Jimmy Rowles, Chet Baker, Miles Davis, Bud Shank, Art Pepper, Art Farmer, Oscar Peterson, Phineas Newborn, Ray Brown, Lionel Hampton, Joe Williams, Terry Gibbs, George Shearing, Louie Bellson et des dizaines et dizaines d’autres l’appréciaient énormément. Il accompagna régulièrement Anita O’Day, June Christy, Julie London, Sarah Vaughan, Peggy Lee, Ella, …

Si je puis me permettre, j’ose avouer que votre serviteur le rencontra à deux reprises … C’était au milieu des années 90, à Las Vegas, en compagnie de Ray Brown et Louie Bellson. Tous deux étaient amis de Joe et venaient le visiter. J’y ai rencontré un homme enthousiaste, ouvert, souriant, affable. Nous avons beaucoup parlé et lui ai d’ailleurs posé pas mal de questions. Peut-être pourrait-on éditer cette interview un jour ?

Mais revenons à ce coffret de 6 CDS (Joe Castro : Lush Life A Musical Journey). Toutes ces séances, réalisées dans les différents salons-maisons de Joe et Doris, sont remarquablement enregistrées pour l’époque !

En voici un simple résumé.

Disque 1 : Jam Sessions en 1954 avec un trompettiste très peu connu mais excellent, John Anderson, Buddy Collette à la clarinette, Chico Hamilton aux balais et soit Buddy Woodson ou Bob Bertaux, excellents bassistes. On y entend longuement tout le monde improviser de manière incroyable !, tout en cherchant de nouveaux sons, tous s’amusent et sont à l’aise. On dirait presque un laboratoire mais tous ces types savent et maîtrisent leur Art au plus haut point. Et puis, c’est un festival Chico Hamilton, un des plus de tous les temps dans son domaine mais jamais vraiment reconnu ni apprécié à sa juste valeur. Les balais étaient sa grande spécialité et ici, vraiment, on peut l’entendre comme rarement auparavant. Le morceau en trio, Joe, Bob et Chico, reste absolument superbe ! Quelle musique !

Disque 2 : trois séances réalisées à « Falcon Lair » dont deux en juillet 1955 et une en 1956:

Joe n’y joue pas mais y a organisé toutes les séances.

1)      Stan Getz, Teddy Wilson, Bob Bertaux, Jimmy Pratt, 5 titres

2)      Wilson/Bertaux/Pratt, 3 titres

3)      Zoot Sims, Teddy Wilson, Buddy Jones, Sol Gubin, 5 titres

Que dire de ces 3 all stars ? Beaucoup y pourrait être débattu. Teddy Wilson y est le dénominateur commun dans ces 3 différentes réunions. Teddy est au sommet de son Art, accompagnant de manières différentes Stan et Zoot, tous deux également au top de leur forme. De tous grands moments ! Les titres varient entre 4 à 8 minutes donc on ne s’ennuie jamais.

Disque 3 : 3 séances différentes enregistrées en 1956 avec la même rythmique : Joe, Oscar Pettiford et le superbe mais presque totalement oublié batteur Ron Jefferson. Viennent s’ajouter, excusez du peu, Lucky Thompson, Zoot Sims puis Sonny Truitt, excellent tromboniste et John Glasel, bon trompette. On y entend Joe Castro longuement, en tant que soliste et accompagnateur; on constate qu’il est vraiment un superbe et très complet pianiste ! Etonnant également ici, -les inédits- duo Zoot/Lucky, toujours à leur apogée. Encore un grand CD !

Disque 4 : un quartet de rêve de 1959 : Joe, Teddy Edwards, Leroy Vinnegar, Billy Higgins.

Pour tous ceux qui ne connaissent pas bien l’immense ténor Teddy Edwards, il vous faudra combler le trou dans votre discothèque et acheter des albums de ce dernier, dont certains sont sortis officiellement avec Joe (1). Une fois de plus, que dire de plus sinon d’écouter avec grande attention ce CD remarquable ?

Disque 5 : Joe Castro Big Band, 1966, avec, entre autres, Al Porcino, Conte Candoli, Mike Barone, Frank Rosolino, Teddy Edwards, Bob Cooper, Howard Roberts, Leroy Vinnegar, Larry Bunker, Stan Levey etc.

Non, vous ne rêvez pas, tous ces géants se trouvent dans ce big band et les solos sont nombreux. On y découvre les grands talents de compositeur et d’arrangeur de Joe. Lorsque l’on entend ces séances, on se demande bien pourquoi n’a-t-il pas réalisé plus dans ce domaine ni pourquoi les producteurs à l’époque n’ont-ils pas eu recours à ses services dans le domaine ?

Disque 6 : Teddy Edwards Tentet, 1966. Nous connaissions un album du label « Contemporary » paru, il y a une vingtaine d’année, d’inédits de Teddy dans ce genre d’idiome (2). Il était excellent mais ici, le niveau est encore plus élevé. Tous les titres et arrangements sont de la plume de notre ténor, en grande forme, ainsi que Freddie Hill, Lou Blackburn, Joe Castro, Leroy Vinnegar et le superbe batteur peu connu et totalement oublié Carl Lott. Encore un album de haut rang.

Conclusion : ce coffret est un MUST à tous les niveaux ! De plus, il y a un magnifique livret intérieur avec plein de photos, tous les détails et articles inédits passionnants. Il tombe à pic vu l’approche de Noël. Nous devons absolument soutenir le travail fantastique de Daniel Richard, James Castro, des labels « Sunnyside » ainsi que Patrick Schuster du label « Naive » à Paris, qui en assure la distribution et la promotion en Europe et qui réalise un travail remarquable. Ils nous informent qu’il y aurait une suite si cette première édition rencontre un public. Soyons alors digne de leur confiance afin de découvrir encore plus de trésors inédits de cette haute volée !

Article par « Beethoven » Jean-Michel Reisser. Article du 1er décembre 2015. Ajouté à 00:02 CET