Agostino Steffani

Avr 07, 2013 at 17:39 1379

La musique et la biographie du compositeur et diplomate (1654-1728)

Avec le CD Mission (Amazon.frAmazon.comAmazon.co.uk, Amazon.de), la source principale pour cette article, le soprano Cecilia Bartoli nous fait découvrir la musique d’Agostino Steffani.

Né le 25 juillet 1654 à Castelfranco Veneto, dans la province de Trévise, Agostino Steffani a fait carrière comme compositeur, diplomate, homme de l’église et espion, médiateur et missionnaire.

Agostino Steffani fut enfant de cœur à la Basilica del Santo de Padoue. A 11 ans, il chanta en soliste sur les scènes lyriques de Venise. Il s’est fait remarqué par un gentilhomme inconnu et, un an plus tard, se rendit à la cour de l’électeur de Munich (kurfürstlicher Hof).

La biographie professionnelle d’Agostino Steffani se divise en quatre périodes: Munich (1667-1688), Hanovre (1688-1703), Düsseldorf (1703-1709) et à nouveau Hanovre (1709-1728). Il est mort le 12 février 1728 à Francfort-sur-le-Main.

Agostino Steffani fut l’un des plus grands compositeurs d’opéras de son époque et maître reconnu du duo de chambre vocal.

A Munich, il se forma en prenant des leçons d’orgue et de composition avec le Kapellmeister Johann Kaspar Kerll. Il passa un séjour d’études à Rome de 1672 à 1674 avec le maître de la chapelle de la Cappella Giulia au Vatican, Ercole Bernabei.

Agostino Steffani publia sa Psalmodia vespertina à Rome en 1674 lorsque Ercole Bernabei succéda à Kerll. Agostino rentra à Munich avec Bernabei et fut nommé organiste de de la cour.

De 1678 à 1679, il poursuivit son éducation musicale à Paris, où il découvrit la musique de Jean-Baptiste Lully, qui resta une influence majeure. En retournant à Munich, il passa par la cour de Turin, où il se frotta également au style français.

En 1681, Agostino Steffani fut nommé directeur de la musique de chambre, poste créée pour lui par l’électeur Max-Emannuel, âgé de seulement 18 ans et un grand admirateur d’Agostino Steffani. En 1680 déjà, il avait notamment composé cinq opéras qu’il donna en concert.

En 1688, il arrive à la cour baroque de Hanovre, où il était Kapellmeister et composa notamment six nouveaux opéras en trois actes et deux opéras en un acte sur des livrets d’Ortensio Mauro. Steffani était catholique, la cour était luthérienne, mais le compositeur n’était pas censé fournir de la musique pour l’église.

Ses six grands opéras furent traduits en allemand et repris en 1695-1699 à l’Opéra du Gänsemarkt de Hambourg. Les airs d’un opéra ainsi que des pages instrumentales des six ouvrages furent publiées en français et/ou italiens. Ses ouvrages eurent une grande influence sur les compositeurs Reinhard Keiser et, plus tard, sur Georg Friedrich Händel.

Selon le texte du CD Mission de Cecilia Bartoli, qui nous a déjà fait découvrir la musique des castrats, la contribution d’Agostino Steffani à l’opéra en Allemagne du Nord est comparable à celle de Jean-Baptiste Lully en France et de Henry Purcell en Angleterre.

La carrière de compositeur d’Agostino Steffani fut pratiquement interrompue au milieu des années 1690, quand il fut nommé envoyé extraordinaire de Hanovre à la cour bavaroise de Bruxelles, où son ami et ancien employeur, l’électeur Max-Emmanuel, était basé en tant que lieutenant impérial des Pays-Bas espagnols.

A l’époque, le fait de confier des missions diplomatiques à des musiciens instruits n’avait rien d’insolite. Agostino Steffani avait un tel succès comme diplomatique que sa nouvelle carrière éclipsa sa carrière de musicien.

Pendant sa carrière munichoise, il avait vainement tenté d’arranger l’union entre Max-Emmanuel et Sophie-Charlotte de Brunswick-Lunebourg. En 1693, il avait joué les entremetteurs après que le prince avait perdu sa première épouse Marie-Antoinette. Il avait représenté avec succès les intérêts de Hanovre lors de négociations menées à Vienne qui débouchèrent sur l’élévation du duché au rang d’électorat.

Agostino Steffani ne parvient pas à convaincre Max-Emmanuel de soutenir l’empereur germanique plutôt que Louis XIV, il rentra à Hanovre en 1702 complètement désemparé. Il trouva du réconfort dans la composition. Il revisita notamment ses duos de chambre, avec l’aide et les encouragement de Sophie-Charlotte, alors reine de Prusse. Elle demeura son amie intime et admiratrice de sa production musicale.

Agostino Steffani consacra le dernier tiers de sa vie aux affaires de l’église et de l’Etat. Sa carrière ecclésiastique avait commencé en 1680, lorsqu’il fut ordonné prêtre; en 1982, fil fut nommé abbé de Löpsingen, une ville au nord d’Augsburg; en 1695, il était devenu protonotaire apostolique pour l’Allemagne.

En 1703, il quitta Hanovre pour la cour catholique de Düsseldorf, capitale de l’électorat Palatin, où il fut nommé conseiller privé, président du conseil spirituel et président général du gouvernement. En 1707, il devint évêque de Spiga. En 1708, il fut envoyé à Rome par l’électeur Palatin Jean-Guillaume en tant que médiateur entre l’empereur et le pape. En 1709, en récompense pour le succès de sa mission, il fut nommé vicaire apostolique du Nord. Il consacra – sans grand succès – les deux dernières décennies de sa vie à reconvertir la région à la foi catholique. Il se fixa dans la ville luthérienne de Hanovre.

Au niveau musical, deux évènements marquèrent la fin de sa vie: son élection au poste de président de l’Académie de musique vocale à Londres et la composition de son stabat mater, qu’il considéra comme son chef-d’œuvre.

Agostino Steffani était un homme aux talents et missions multiples: musicien, compositeur, diplomate, homme de l’Eglise. La politique imprégna tous ses opéras (un monarque face à son devoir et son épouse dans Marco Aurelio, un opéra adressé à Max-Emmanuel, etc.).

Selon l’excellent texte du CD Mission, l’écriture vocale d’Agostino Steffani est particulièrement aiguë, se caractérise par sa grâce et son élégance. Il savait marier la mélodie et les mots. Typique pour ses opéras et la manière dont il utilise les instruments solistes, avec ou sans orchestre. L’amour du contrepoint caractérise sa musique. L’importance accordé aux instruments à vent témoigne de l’influence française, notamment de Jean-Baptiste Lully.

Agostino Steffani était un médiateur, dans sa vie publique comme dans sa carrière musicale: entre les personnes, les cours et les religions comme entre les styles italien, français et allemand dans ses compositions.

Malgré l’échec de ses missions les plus difficiles, sa réputation était demeurée intacte. Au niveau musical, il ne cherchait pas à conquérir un large public. Toutefois, c’est sa musique qui à laissé des traces. Après des siècles d’oubli, ses compositions commencent à toucher un public plus large.

Steffani, était-il castrat? Il n’y a pas de preuves. Mais lorsqu’il arrive à 14 ans à Munich en 1668, on l’enregistre sous le terme “musico de cour et de chambre”. Aux 17ème et 18ème siècles, le mot “musico” était un euphémisme pour désigner un castrat. Comme eux, il souffre dès son jeune âge de maladies. Le seul portrait de lui réalisé de son vivant montre un corps adipeux, un visage imberbe et des membres excessivement longs – les traits corporels d’un castrat. Il n’y a pas de témoignages sur sa sexualité. Quoi qu’il en soit, Agostino Steffani nous a laissé  une musique à redécouvrir.

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