Après quelques semaines seulement, la coalition du premier ministre britannique a perdu sa majorité dans la Chambre des communes. D’abord, Phillip Lee (article en anglais) n’a plus voulu suivre Boris Johnson qui, peu après, a exclu 21 membres des Tories parce qu’ils ont voté avec l’opposition pour éviter un Brexit dur. Ensuite, le frère de Boris, Jo Johnson, a démissionné de son poste de ministre d’Etat au sein du Département des Transports en signe de protestation contre la ligne de son frère et premier ministre. Hier, le 7 septembre, Amber Rudd, la secrétaire d’État au Travail et aux Retraites, a démissionné de son poste en signe de protestation contre la ligne dûre de Boris Johnson. Elle trouvait notamment inadmissible l’exclusion du parti de 21 membres mentionné plus haut. Parmi ses 21 politiciens se trouvent notamment Nicholas Soames, le petit-fils de Churchill, et Kenneth Clarke, qui a entre autre occupé le poste de Chancelier de l’Echiquer du Royaume-Uni.
A ce rythme, Boris Johnson sera bientôt seul à la maison. Le premier ministre est un opportuniste et menteur qui pense avant tout à sa carrière. Sa ligne dûre fait sens dans la mesure où, sur sa droite, se trouve le Parti du Brexit (Brexit Party). Fondé le 20 janvier 2019, le Brexit Party et son leader charismatique, Nigel Farage, ont comme objectif principal un Brexit dur, la sortie de l’Union europénne du Royaume-Uni. Aux Elections européennes, le Brexit Party a gagné 30,74%, devant les Libéraux-democrates (pro-EU) avec 19,75%, le Parti travailliste avec 13,72%, les Verts avec 11,76% et les Tories (à l’époque encore avec Theresa May à la tête) avec seulement 8,84%. Sans Brexit dur, les Tories sans perdu. Mais le Brexit dur est une illusion.
Farage, Boris Johnson et les Brexiters vivent dans un univers parallèle. Ils croivent pouvoir sortir de l’UE tout en gardant les avantages d’un accès au marché unique de l’UE. Ils rêvent d’accords de libre-échange avec des pays autour du globe. Mais l’accès au marché unique de l’UE repose sur l’acceptation des règles et règlementations de l’UE avec laquelle le Royaumi-Uni fait la moitié de ses échanges (environ 50% des importations et exportations). Pour garder l’accès au marché unique, le Royaumi-Uni devrait donc accepter les règles et règlementations de l’UE sans avoir une influence sur la législation future de l’UE.
Quant au rève du libre-échange avec les Etats-Unis, il faut noter que le président Donald Trump est un protectionniste qui semble voir le commerce comme un jeu à somme nulle dans lequel le gain d’une nation et la perte de l’autre. Le slogan de Trump c’est l’Amérique d’abord (America First).
Le Brexit ne fait pas de sens. C’est du perdant-perdant. Le Royaume-Uni y serait le grand perdant. Mais les états membres de l’UE y perdraient également, notamment les constructeurs automobiles allemands et les agriculteurs et pêcheurs français, pour nommer que deux secteurs fortement touchés.
Si le Royaume-Uni reste membre de l’UE, la deuxième économie de l’UE garde son influence sur la législation future de la plus importante zone de libre-échange du monde, le marché intérieur de l’UE. Si Boris Johnson réussit à imposer un Brexit dur, les Allemands, Néerlandais et autres au sein de l’UE qui favorisent le libre-échange, la discipline fiscale, etc. seraient affaibli au détriment des « pays du club Med » comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal et la Grèce, ce qui n’est pas dans l’intérêt du Royaume-Uni.
Puis reste la question de Londres comme première place financière du monde. Ce statut est partiellement dû au fait que le Royaume-Uni fait partie de l’UE. Les pays de l’Union européenne pourraient sérieusement endommager cette position en imposant des limites aux échanges financières et boursières.
Si le Royaume-Uni quitte l’UE, le pays ne pourrait plus – comme les Espagnols avec les Catalans – bloquer l’Ecosse de rejoindre l’UE. De surcroît, en Irlande du Nord, les conflits entre Catholiques et Protestants pourraient refaire surface.
A long terme, le Royaume-Uni pourrait évidemment faire cavalier seul en dehors de l’UE. Mais tout cela ne fait pas de sens d’un point de vue économique, financière, stratégique. Les temps de l’Empire britannique ne vont pas revenir. Heureusement.
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Boris Johnson (official photo as Foreign Secretary). Photo credit: www.gov.uk.
Article ajouté à 20:07 heure de Paris. Détails ajoutés à 21:57.