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Biographie de Bud Shank – Notes de musique de /sheet music by Bud Shank
Article par « Beethoven », Jean-Michel Reisser
Bud Shank est né le 27 mai 1926 dans l’Ohio. Il apprend la clarinette à dix ans, le saxophone à quatorze et la flûte à vingt et un ans. Au début des années 40, il s’installe en Californie où il étudie la composition et l’arrangement avec le trompettiste Shorty Rogers. Il entre dans l’orchestre de Charlie Barnet en 1947. Puis Stan Kenton le recrute en 1950. L’année suivante, il commence une longue association avec le bassiste et leader Howard Rumsey et fait les beaux jours du fameux club « The Lighthouse » à Los Angeles, sur la plage à Hermosa Beach. En 1953, il enregistre des faces capitales dans l’histoire de la musique : les duo avec le guitariste brésilien Laurindo Almeida. Ensemble, ils inventent déjà ! ce qui sera, dix ans plus tard, la « Bossa Nova ». Bud forme aussi un duo original flûte-hautbois avec le ténor Bob Cooper. Dès 1956, il fonde son quartet avec le pianiste Claude Williamson et part en tournée dans le monde entier. Il séjourne même en Afrique du Sud en 1958. Il s’associe à nouveau avec Laurindo Almeida la même année puis monte son quintet en 1961. Il enregistre pas mal d’albums pendant toute cette période des années 50 et début 60. Puis, il devient, pendant 15 ans, l’un des musiciens les plus demandés dans les studios à Hollywood. En plus, il compose, arrange, dirige, sa musique ou celle des autres. L’inégalé et légendaire altiste, compositeur et arrangeur Benny Carter, fait très souvent appel à lui pour interpréter ses fameuses parties de saxes si difficiles à jouer et à « faire sonner ».
Puis, en 1974, il s’associe avec un autre fameux : le légendaire bassiste Ray Brown. Ils forment le fameux groupe « The LA 4 » («The Los Angeles Four») avec Laurindo Almeida et Shelly Manne à la batterie, remplacé en 1978 par Jeff Hamilton. Avec ce quartet, il va voyager à nouveau dans le monde entier pendant près de 10 ans. Ce groupe, unique dans le Jazz, mêle avec pur bonheur les musiques de Jazz, Classique et Brésilienne. En 1983, Shorty Rogers effectue son retour sur la scène du Jazz avec ses « West Coast Giants ». Bien évidemment, Bud en fait partie. Dès 1986, Il se produit sous son nom en quartet ou quintet dans le monde entier. C’est à cette époque qu’il abandonne la flûte pour se consacrer exclusivement à l’alto. Il joue souvent avec les pianistes Kenny Barron, Hank Jones, Cyrus Chestnut et Mike Wofford. Il retrouve également son vieux complice et associé Ray Brown pour de nombreux concerts et festivals de part le monde.
Bud Shank a su se créer un style bien à part de tous les autres altistes de sa génération. Il possède une sonorité large, rayonnante, Délicat et nuancé, il enchaîne de courts segments de phrase avec une grande vélocité. Il possède un léger vibrato dans les notes qu’il émet. Avec les années, il semble qu’il ait une fougue (presque une rage) et une envie de jouer qu’il ne possédait pas auparavant ! Duke Ellington voulait absolument l’engager dans son orchestre, avec l’aval de Maître Johnny Hodges. Il refusa ce poste très souvent car il ne voulait pas voyager. Je pense qu’il n’y a aucun autre commentaire à rajouter, sinon qu’il est l’un des altistes encore les plus méconnus mais un des plus grands de l’après-guerre ! Benny Carter et Charlie Parker mettaient Bud Shank comme un de leur 3 altistes favoris. On regrette tous qu’il ait abandonné la flûte car là aussi, il reste l’un des plus grands de l’instrument du vingtième siècle!
Bud Shank et Phil Woods: Bouncing with Bud and Phil, Live at Yoshi’s. Bud Shank, Phil Woods (altos), Mike Wofford (p), Bob Magnusson (basse), Bill Goodwin (bat), « Yoshi’s », Oakland, Californie, les 5,6 et 7 novembre 2004. Capri Records SACD 74071-2. Commandez ce disque chez Amazon.fr, Amazon.com, Amazon.co.uk ou Amazon.de.
Bud Shank: The Fabulous Bud Shank. 2003. Commandez ce CD chez Amazon.de.
Notes de musique de /sheet music by Bud Shank.
Bud Shank Plays the Music of Bill Evans. 2004. Commandez ce disque chez Amazon.de.
Phil Woods: Rights of Swing, 1998. Commandez ce disque chez Amazon.fr.
Phil Woods at The Montreux Jazz Festival. Live at Montreux 1969, réédition 2003. Commandez ce disque chez Amazon.fr. Notes de musique de /sheet music by Phil Woods.
Biographie de Phil Woods
Notes de musique de /sheet music by Phil Woods
Phil Woods, de son vrai nom Philippe Dubois, est né le 2 novembre 1931 dans le Massachusetts. Il hérite, par hasard, d’un saxe alto à la mort de son oncle. Mais c’est à l’âge de 13 ans, en écoutant Charlie Parker dans « Koko », qu’il décide de devenir musicien de Jazz. Il étudie le saxe jusqu’en 1948. Il participe alors à des « jam sessions » avec le batteur Joe Morello entre autres. Il s’installe à New York et étudie avec le pianiste Lennie Tristano. Il suit des cours de clarinette pendant 4 ans à la Julliard School. Dès 1954, il joue avec le guitariste Jimmy Raney. En 1956, il remplace Jackie McLean au sein du groupe du pianiste George Wallington, se produit au fameux club le « Birdland » avec le pianiste autrichien Friedrich Gulda. Il tourne alors avec un all stars, « Birdland Stars », avec Kenny Dorham, Hank Jones, Kenny Clarke, Al Cohn etc … et part dans le monde entier. Dizzy Gillespie fait appel à lui pour former son nouveau big band. Du coup, il repart avec ce dernier à travers le monde. Dès 1957, il forme un duo régulier d’altos avec Gene Quill. Il joue très régulièrement avec le légendaire batteur Buddy Rich. En 1959, Quincy Jones l’engage pour faire partie de son orchestre et part en Europe avec lui. Il enregistre, en 1961, un tout grand album nommé « Rights Of Swing » (Candid Records, réédité en cd ). C’est au tour du clarinettiste Benny Goodman d’engager Phil pour une tournée en Union Soviétique en 1962. Il rejoue en 1963 avec Dizzy et le pianiste, compositeur et arrangeur Lalo Schifrin. Thelonious Monk fait appel à lui pour jouer avec son octet et son big band. Il travaille également pour la TV et participe à de nombreuses séances de big band avec les arrangeurs Oliver Nelson, JJ Johnson, George Russell etc. Il part à nouveau en tournée en 1967 avec Thelonious Monk. De mars 1968 à décembre 1972, il s’installe en Europe: à Londres, puis à Paris en mai 1968… Il crée un magnifique groupe avec le pianiste George Gruntz, le batteur Daniel Humair, le bassiste Henri Texier entre autres. On le voit partout. Il collabore très souvent avec Michel Legrand. Il rentre aux USA en 1973 où il enseigne beaucoup. En 1983, il forme un nouveau quintet et repart en tournée dans le monde entier. Il découvre et fait connaître alors ce qui deviendra un des plus grands trompettistes de notre temps : Tom Harrell. On le voit très souvent en Europe depuis. Il est adoré du public. Il joue souvent et enregistre avec son idole et maître de toujours : Benny Carter (ce dernier l’admire au plus haut point). En parlant un jour avec Benny, qui était un ami proche, il me dit : « Phil est absolument fabuleux. Un des plus grands musiciens que je connaisse, passé, présent et avenir». Rien à rajouter.
Phil Woods a deux maîtres à l’alto: Benny Carter et Charlie Parker. Il est considéré par beaucoup comme le meilleur disciple et altiste après la mort de « Bird ». Il est quasi impossible de décrire le style de Phil. Disons qu’il faut l’écouter et, après 20 secondes, on se rend compte qu’il possède tous les atouts dans tous les registres pour le mettre au panthéon des plus grands altiste du Jazz du vingtième siècle.
Bud Shank et Phil Woods: Bouncing with Bud and Phil, Live at Yoshi’s.
Bud Shank, Phil Woods (altos), Mike Wofford (p), Bob Magnusson (basse), Bill Goodwin (bat), « Yoshi’s », Oakland, Californie, les 5,6 et 7 novembre 2004. Capri Records SACD 74071-2. Commandez ce disque chez Commandez ce disque chezAmazon.com, Amazon.co.uk, Amazon.de.
1. Bouncing With Bud
2. Helen’s Song
3. Nature Boy
4. Carousels
5. Summer Serenade
6. Gemma’s Eyes
7. Minority
Dans la platitude des nouveautés actuelles, la rencontre de ces 2 géants de l’alto est une fort bonne surprise. Mieux, il s’agit d’un événement majeur pour tous amateurs de Jazz et de saxes en particuliers. D’ailleurs, on peut se demander pourquoi personne n’y ait pensé bien plus tôt. Nos deux compères sont déjà âgés et ont plus de 50 ans de carrière pour chacun d’eux. Tous deux descendent directement de Charlie Parker mais ont pris une voie différente. Phil s’est beaucoup imprégné du « Bird » pour trouver enfin son style (mais qui reste tout de même dans les traces du Maître). Bud, lui, se démarque complètement de son idole pour obtenir un style bien à part et unique. Mais les deux se complètent et se marient vraiment à merveille.
Cette réunion est une idée de Bud, qui en parla au producteur du label «Capri Records», Tom Burns. Ce dernier n’hésite pas une seconde: il fonce les enregistre au «Yoshi’s». De suite, on est frappé par leur complicité et leur complémentarité.
Pour réussir une telle entreprise, il fallait absolument que nos deux compères aient une rythmique « en béton » comme on dit. Bud suggéra, avec raison, de prendre le superbe pianiste Mike Wofford, ainsi que le non moins bassiste tout terrain Bob Magnusson, qui a joué avec tout le monde. Phil, quand à lui, demanda s’il pouvait prendre son batteur favori avec lequel il travaille depuis plus de 20 ans, Bill Goodwin. Bill est un des grands de la batterie (et un homme d’affaire avisé aussi), sans contestation possible.
Le thème « Gemma’s Eyes », une valse composée par le pianiste Bill Mays, nous prouve cette complémentarité et complicité entre tous. Cette longue mélodie inspire tout le quintet. Malgré cette longue interprétation, chacun raconte une histoire différente mais ô combien passionnante. Bud est ici intrigant et surprenant dans la manière de traiter ce morceau.
Pour débuter le cd, un titre de l’ère du « Be-Bop » pour mettre tout le monde d’accord : une composition du tout grand pianiste Bud Powell, « Bouncing With Bud ». Phil Woods m’avoue: « Tu sais, Bud (Shank) et moi venons du même tronc d’arbre : Charlie Parker. Nous sommes ses enfants ; alors nous devions bien jouer un thème venant de cette époque ». Et puis, c’est une excellente entrée ne matière qui nous montre la musicalité et la vélocité chacun. Bud (un peu plus sur le haut-parleur de gauche) débute avec un solo incisif et inspiré à souhait. Puis Phil (sur la droite) enchaîne en faisant une citation rusée et fort bien placée de « Lester Leaps In ». Et puis la rythmique est absolument renversante dans ce titre.
« Helen’s Song », composée par le pianiste George Cables, est un des préférés de Bud depuis fort longtemps. « C’est une superbe mélodie, très attractive pour tous les musiciens qui la jouent » explique Bud. « Si je devais citer un thème de notre répertoire, c’est celui-là » rajoute Phil. « C’est une pièce très différente de tout ce que l’on joue d’habitude. » Nos deux amis vont chercher et défricher de nouveaux terrains musicaux qui leur réussissent à merveille.
« Nature Boy » est un thème connu et qui m’est en valeur Bud et la rythmique. C’est Mike qui met l’ambiance avec une intro des plus originales aux accords osés. Ce duo est un des grands moments de l’album. Comment donner nouvelle vie à un « vieux » standard tel que celui-ci ? La réponse concrète est dans cette interprétation de haut niveau.
« Carousels » est un original composé par Bud en 1953 pour son fameux duo avec le grand guitariste Laurindo Almeida. Avec des accords et des rythmes complexes mêlant Jazz et Bossa, il est très intéressant de comparer les similitudes et différences de nos deux septagénaires en grande forme. Bud devient plus lyrique ici, Mike Wofford s’envole dans son solo (à la Oscar Peterson). Phil en fait de même et est époustouflant de vélocité et de musicalité.
C’est au tour de Phil d’avoir son morceau de bravour. Il choisit une composition de Benny Carter, « Summer Serenade ». « Cette mélodie est absolument fabuleuse », s’exclame Phil. « Tu as juste à jouer la mélodie, la faire sonner et laisser respirer les fins des phrases. » On entend vraiment parfaitement bien la grande influence de Benny dans le son et le solo de Phil. Un de ses tout meilleurs solos depuis bien des années ! Et puis encore, une mention toute spéciale à Mike, magnifique encore de bout en bout. Un moment magique.
Pour conclure cet album de très haute tenue, un autre morceau des années 50, « Minority », composé par un autre altiste (fort original et malheureusement oublié) Gigi Gryce. On se souvient des interprétations superbes de Gigi lui-même mais aussi celle du génial trompettiste Clifford Brown ou du non moins maestro pianiste Bill Evans. On peut affirmer que cette version est dans la ligné des précédentes citées.
Si je devais émettre une critique, cela serait sur la longueur des morceaux. On ne s’ennuie pas uns seule seconde! mais on aurait peut-être préféré quelques titres plus courts. L’enregistrement étant « live », la donne est, par conséquente, différente.
«We had fun Man!» a déclaré Bud . Et Phil à immédiatement rajouté: «We had much fun!».
Rendez-vous compte que nos 2 acolytes tiennent une forme olympique comme jamais ils n’ont tenues? Bud fête allègrement ses 79 ans et Phil ses 74. Ils sont au top de leur art avec une maîtrise totale de leur instrument. Tellement incroyable que les « petits » jeunes actuels ne sont, de loin, pas prêt de leur ravir la vedette!
Indispensable.