Entretien, biographie du contrebassiste de jazz, photos de Cédric Caillaud, critiques des deux CDs de jazz Emma's Groove et June 26
Cédric Caillaud Trio & Harry Allen “Emma’s Groove”, Aphrodite Records 106017.Commandez ce CD chez Amazon.fr.
Lors de la sortie de son premier album en leader fin octobre 2006 (Cédric Caillaud Trio « June 26 », Aphrodite 106004), notre jeune bassiste français habitant m’avoua : « Maintenant, il va falloir que je travaille sur mon deuxième disque ». J’appréciai grandement cette façon de penser et d’avancer dans la vie, une philosophie astreignante que seuls les VRAIS musiciens possèdent. Une de leur périlleuse politique : tout remettre en question chaque fois qu’ils jouent en public, c’est-à-dire quasiment tous les soirs ! Le grand Hank Jones me le confirmait il y a peu lors d’une interview.
Cédric écoute beaucoup de musiciens des années trente à soixante. « Je ne les ai malheureusement pas connus, ni même vus en concert mais leur musique me touche profondément ».
Notre homme pense que le Jazz actuel et son avenir passent par la compréhension de son histoire, celle des anciens. « J’attache beaucoup d’importance à la mélodie car sans elle, pas de morceaux et pas d’arrangements. »
Une fin de matinée de mai 2007 à Paris, le téléphone sonne chez notre jeune bassiste : « Ced ? C’est Pierre (Boussaguet). Ecoute, j’ai un problème. Je dois jouer ce soir avec Harry Allen. J’ai un empêchement de dernière minute. Pourrais-tu me remplacer ? »
« Je connaissais le nom d’Harry mais je ne l’avais jamais entendu jouer auparavant » m’avoue Cédric. La magie opère immédiatement. Nos deux hommes deviennent très vite complices et amis. « Harry possède une culture incroyable ; il joue cette musique de manière tellement vivante ! ». Il écouta tous les musiciens de l’histoire du Jazz et s’en inspira pour se forger sa propre personnalité. Il a beaucoup de respect pour ses aînés. Il perpétue cette culture grâce à ce bagage et cet état d’esprit. Né en 1966 à Washington DC, USA, il joua et enregistra avec des légendes telles qu’Oliver Jackson (qui le découvrit), Hank Jones, Ray Brown, Ron Carter, Herb Ellis, Tommy Flanagan, Jeff Hamilton, Tony Bennett (sheet music), Kenny Burrell etc. Autant dire qu’il a acquis une solide expérience et une renommée internationale. Au Japon, c’est une véritable star.
« Dès notre première rencontre, il se passa quelque chose » me raconte Harry. « Après quelques mesures, je me suis dit «Tiens, voilà un type qui a le même feeling que moi ». Une mise en place parfaite, avec le sens du tempo, un son magnifique, le swing, la fluidité : tout y était. Waouww! »
« Jouer avec Harry » continue Cédric, « ça te recentre sur les fondements de ton jeu, il n’y a pas de place pour les fioritures, chaque note compte. Il a envers la musique un niveau de conscience, de concentration et d’exigence impressionnant sans jamais se mettre en avant ».
D’aucuns pensent que tout est facile : on rentre en studio, on se met à jouer et hop, tout est impeccable. Or, les choses ne se passent pas tout à fait comme cela … Là encore, Cédric, en vrai pro, mit toutes les chances de son côté en travaillant en amont pour que la séance se déroule le mieux possible. Novembre 2007, Cédric me téléphone: « Beethoven », pourrais-tu m’envoyer quelques CDs d’Harry en quartet formule sax + trio piano ? Je ne connais que ses disques en quartet avec Joe Cohn. J’aimerais savoir exactement comment il sonne dans ce contexte, ce qu’il joue et comment il se place par rapport aux trios. » « Un disque, ça se prépare; c’est un projet qui se mûrit, surtout avec des musiciens de ce calibre !».
Une tournée s’organisa à travers la France en mars 2008. La séance s’opéra pendant celle-ci. Le répertoire et les arrangements, signés Cédric, sonnent très variés. « J’aime qu’il y ait un fil conducteur dans un disque tout en variant les climats. Tous les titres de cet album, je voulais les enregistrer depuis un moment ».
« Ce qui me séduit beaucoup avec ce trio raffiné, c’est sa connaissance du répertoire de cette musique. Il interprète beaucoup de thèmes que tout le monde a oubliés aujourd’hui. La sélection ici en est l’excellente preuve. Ced est un type magnifique et un superbe musicien ».
Voici quelques commentaires sur certains thèmes de l’album Emma’s Groove:
« Our Delight » débute sur les chapeaux de roue En quelques secondes, on peut déjà affirmer que cette séance sonnera très réussie. Cédric : « Je suis fan de Tadd Dameron. Il a écrit de la très belle musique et de beaux arrangements ». Celui de Cédric nous vaut un solo remarquable de Patrick, et laisse Philippe s’exprimer avec maestria.
« Les arrangements de Ced sonnent vraiment très frais. Rien que l’intro du thème, cela te donne l’envie de le jouer plusieurs fois à la suite. J’adore. »
« Emma’s Groove » est dédié à la fille de Cédric, née le 8 avril 2008. « Elle bougeait dans le ventre de sa mère dès qu’elle entendait ce morceau. Je lui ai alors dédié tout naturellement » Excellent solo de Cédric qui fait place ensuite à une belle « discussion » entre Harry et Patrick. Moment de choix.
Harry rajoute : « Ced possède un don pour composer des thèmes que l’on aime ».
« Dancing On The Ceiling », composé en 1930 par Richard Rogers & Lorenz Hart, reste un morceau étonnamment peu joué. « Je l’ai découvert sur l’album de Hank Jones/Ray Brown/Jimmie Smith ». (Concord CCD 4032 (1977). L’arrangement de Cédric lui donne une fraîcheur toute particulière.
« That’s All », une autre subtile balade, donne toute la place à l’invité de marque, toujours aussi inspiré, inventif et profond.
« Do Nothin’till You Hear From Me » est un duo basse-sax, un véritable dialogue entre les deux instruments. «La musique de Duke te laisse beaucoup de liberté. Je trouve que ce thème convient particulièrement à un duo. De plus, enregistrer un disque de jazz sans jouer un thème de Duke… ! »
Harry : «Comment peut-on oublier Duke Ellington ? Interpréter ce thème en duo avec Ced reste un moment de pure joie. Je suis sûr que Duke aurait aimé notre interprétation».
«The JAMF Are Coming » est un hommage au regretté « Little Giant », Maître Johnny Griffin. « J’ai découvert ce morceau sur un disque de Francy Boland / Kenny Clarke Big Band». L’original est en « fa », « je trouve qu’il sonne mieux en sol », me confie Cédric. Le quartet « swingue à mort ». Patrick, digne des meilleurs spécialistes du genre, joue LE Blues, soutenu par les lignes de basse très solides de Cédric, dont le solo, émaillé de citations, reste profondément enraciné dans cette tradition indémodable et si difficile à interpréter avec vérité.
Pour ceux qui ne connaissent pas la réelle signification de « The JAMF », demandez donc à Cédric la prochaine fois que vous le verrez ! (rires)
« Blame It On My Youth », magnifique balade, peu connue, composée en 1934 par le grand pianiste, compositeur et acteur Oscar Levant, reste un des sommets de l’album, mettant en valeur le très voluptueux et suave Harry Allen. Cette interprétation, sans batterie, est remarquable de sobriété et de sensibilité.
« I Want To Be Happy » n’était pas prévu au répertoire, Harry le proposa un soir lors de la tournée.
« Même si certains pensent qu’il s’agit d’un thème simpliste, ils se rendront alors vite compte qu’il n’est surtout pas facile de bien le jouer ! » me rétorque Harry. Cédric : « Harry fait sonner ce morceau d’une telle manière que j’ai eu envie de l’enregistrer ». Pari tenu, on sent Harry HEUREUX de jouer, soutenu par le super « swingin’ & rockin’» trio.
« Robbin’s Nest », composé en 1947 par « The Beast » (Illinois Jacquet) et le grand pianiste Sir Charles Thompson. Cette version est parfaitement ponctuée par un Philippe toujours inspiré et à l’écoute des autres. Pour les musiciens et connaisseurs avertis, l’arrangement de Cédric fait un très joli clin d’œil, à la fin de l’exposé du thème, à la version d’Ella Fitzgerald & Count Basie (2).
« New Father’s Bop », de la plume de notre bassiste, nous prouve qu’il est non seulement un excellent compositeur mais également un musicien qui sert ses acolytes tout en leur permettant de donner le meilleur d’eux-mêmes (suffisamment rare pour le souligner).
Tous les titres ne furent quasiment que des premières prises, voire au maximum deux.
« Nous avons terminé l’album dès le premier jour de studio » me raconte Cédric, ce qui paraîtra impensable aux yeux de nombreux jeunes musiciens actuels.
Harry : « J’ai eu la grande chance de pouvoir jouer avec certains Maîtres du Jazz. Avec eux, pas de poudre aux yeux. La même chose pour les séances d’enregistrements. Très souvent, elles se terminaient plus tôt que prévues. C’est exactement ce qui se passa avec le trio de Ced. C’est tellement rare de nos jours … Avec eux, je retrouve cet esprit quasi oublié que j’aime tant. Formidable !».
Cédric soigna tout particulièrement le mixage afin d’en tirer le côté « très naturel » de l’enregistrement. Il y réussit avec brio. Trop d’albums ne donnent aucune justice au véritable son des musiciens. Ce n’est vraiment pas le cas ici.
On sent que la séance se passa dans une ambiance décontractée et sereine.
« Jouer avec le Cédric Caillaud Trio est un véritable régal, dans tous les sens du terme. Non seulement ce sont de super musiciens mais également des types drôles, chaleureux, attentifs, décontractés. Il me tarde de pouvoir rejouer avec eux tout prochainement. Ils interprètent la musique telle qu’elle doit l’être » me confie Harry d’un ton jubilatoire.
Cédric : « le quartet sonnait bien. Durant les pauses, Harry racontait un tas d’anecdotes sur des séances qu’il a réalisées avec des musiciens qui nous font tous rêver. Il est généreux et passionné. Il joue l’essence de cette musique : il improvise tout le temps, on ne peut trouver aucun « système » dans son jeu. Il est profond et exigeant. Il porte cette culture de nos aînés que j’apprécie particulièrement. Harry est un grand musicien ! ». Être conscient de la valeur des gens et des événements qui nous entourent reste essentiel. Le Cédric Caillaud Trio l’a compris.
Leur superbe collaboration avec le grand Harry Allen ne fait que commencer, uniquement pour notre bonheur et « Our Delight », nos délices.
Cédric Caillaud Trio « June 26 ». Aphrodite Records 106004. Commandez ce CD chez Amazon.fr.
La France donna, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, de très bons contrebassistes de Jazz, voire quelques grands. Mais très peu d’entre eux devinrent de véritables LEADERS, c’est-à-dire des bassistes qui ont eu un groupe régulier avec un projet musical digne de ce nom. Le regretté Maestro Pierre Michelot fut certainement le précurseur avec son album en big band nommé « Round About A Bass » en 1963 (réédité en cd !). Aujourd’hui encore, ces séances (et compositions/arrangements) restent un modèle du genre. Trop occupé en tant que « sideman », il ne continua malheureusement pas l’aventure. On le regrette vivement encore.
Depuis, je n’en compte que trois : Patrice Caratini, Henri Texier et Pierre Boussaguet, tous dans des registres et styles différents. Cédric Caillaud semble prendre cette même voie. Né il y a 29 ans à la Rochelle, il débarque à Paris en l’an 2000, sur les vives recommandations de son ami le superbe saxe baryton Xavier Richardeau. Il devient très rapidement un des bassistes les plus demandés de la scène parisienne -et de Navarre-. Il voyage aussi en Europe dans des formations les plus diverses. En quête sans cesse de perfectionnements musicaux, il étudie, entre autres, avec les frères Belmondo. Il fonce prendre des cours chez l’incontournable Pierre Boussaguet. Ce dernier le « coatche » très sérieusement et devient son mentor. Cédric progresse alors de façon fulgurante!
Il y a un an, il décide de former son trio avec deux excellents musiciens -avec lesquels il joue régulièrement mais dans d’autres contextes- : le pianiste breton Patrick Quabon (32 ans) et le batteur mentonais de 42 ans (et déjà « jeune vétéran » car son CV en dit très long sur sa belle carrière !) Philippe Soirat.
On est, de suite, frappé par la cohésion du groupe, puis par le SON et le swing qui s’en dégagent. Mesdames et Messieurs : voici un vrai trio ! On ne s’y trompe pas : nos trois hommes sont bel et bien à la hauteur de leurs ambitions, ainsi que des messages qu’ils veulent nous faire passer. Je peux l’affirmer : cet album va « en scotcher plus d’un » !
« June 26 » est une composition et arrangement de Cédric. Cette anatole, un « up-tempo » de 6 mesures est, d’entrée de jeu, fort inattendu. « Je me suis inspiré du morceau « CRS-CRAFT », composé par Ray Brown. La structure originale de sa composition m’a énormément plus. Alors, j’ai décidé d’en faire de même mais à ma manière ». On est plus que conquis : Le trio place la barre haute, et ceci à tous points de vue. En plus, tout y est dit en 3’41!
« Ced’s Idea ». Encore un thème de Cédric, construit sur des grilles déjà existantes de standards. On y reconnaît d’ailleurs « Lullaby Of Leaves ». «Je voulais faire un clin d’œil à tous mes héros de la « West Coast ». C’est pour cela que j’ai écrit ce morceau » m’a avoué notre bassiste. Son solo, tout en finesse, est inspiré et plein de profondeur. Les 4/4 entre lui et Philippe, aux balais, sonnent des plus musicaux. « Yeah Man ! »
« Greenesms » est dédié au fameux pianiste américain Benny Green (sheet music). Patrick signe cet original. On peut constater que notre homme aime les sons d’église (« churchy ») et le gospel, tout comme Benny. L’inspiration profonde et originale vient de Messieurs Art Blakey (avec lequel Benny Green joua très souvent) et Bobby Timmons. S’ils entendent ça de là-haut, ils peuvent être vraiment fier des incontournables influences qu’ils ont laissées ici bas. Patrick réalise un difficile tour de force avec brio.
Le premier invité spécial, le grand Pierre Boussaguet, arriva à la séance avec un thème de son crû, « Ice Cream Blues ». Cette pièce n’est, en aucun cas, un « Blues » de plus. Cette crème glacée spéciale possède « un pont » et reste des plus mélodiques. « Je voulais faire plaisir à Cédric. En même temps, je ne l’ai pas pensé à écrire seulement pour la contrebasse mais pour tous les instruments. De cette façon, tout le monde peut le jouer facilement ». Chapeau Monsieur Boussaguet ! L’idée du duo venait de Cédric : « Le problème, c’est que je n’osais pas le lui demander ». Lorsque Pierre eut vent de cet enregistrement, c’est tout naturellement qu’il lui rétorqua : « Hey, Céd : et si nous faisions un truc à deux basses pour ton premier album ? ». Vous imaginez bien que notre jeune leader était plus qu’aux anges ! Le premier chorus est de Cédric et le deuxième de Pierre. On est immédiatement frappé par l’immense complicité entre nos deux compères, et, en même temps, d’une grande admiration pour l’un l’autre. Qui mieux que Pierre sait faire sonner deux basses ensemble ? Pour belle preuve, il fut formé, très intensément, pendant des années, à l’école du Maestro Ray Brown. Cette rencontre, magique et de pur bonheur, est soutenue magistralement par les balais fort à-propos de Philippe, qui s’en donne à cœur joie avec chacun d’eux. On en redemande!
« Will You Still Be Mine » est, ce que j’appelle, un morceau « test ». Il s’agit d’un « up-tempo » où tout ce que l’on sait doit s’avérer plus qu’impeccable : la technique, le discours, la maturité, l’articulation et le swing. Nos acolytes se révèlent être parfaits et s’envolent, à notre plus grande joie ! Attention : la coda finale, petite merveille, est une trouvaille de Cédric.
Si l’on a un peu d’oreille, on peut affirmer que « Deep As It Can Be » est une autre composition et arrangement de Patrick. Il adore les accords fournis, ainsi que les médium ; deux des ingrédients périlleux à interpréter. Notre trio joue ici presque « en arrière » sur le temps, tout en avançant ! C’est très fort. Le solo de Cédric, sur une grille difficile, nous prouve qu’il connaît aussi bien son instrument qu’il est à l’aise dans les situations musicales complexes. Le trio excelle par son savoir et sa maîtrise.
En parlant de la balade « I’m Glad There’s You », Cédric m’avoua : « J’ai appris ce thème peu connu en écoutant la version de Marc Hemmeler avec Ray Brown. Cette mélodie parle d’elle-même. Je l’adore». Je suis vraiment enchanté de la manière dont nos hommes l’interprètent car ce n’est pas un morceau facile, tant pour le phrasé que pour l’expression. « Cerise sur le gâteau » : ce genre de tempo peut devenir un mauvais piège pour tout musicien qui s’y attaque. Un autre très beau moment de l’album.
« Bassicly Blues », composé et arrangé par Cédric, démarre sur des accords que je qualifierais de « normaux ». Puis, Patrick « ouvre » le jeu et il « part » dans une improvisation totalement survoltée, attisée et soutenue par le très chaud tandem basse-batterie. Céd prend un solo d’une souplesse et d’une imagination réjouissante. Philippe, en quelque coup de baguettes, nous montre ce qu’il sait faire. A la fin du morceau, on ne peut dire que : « wouaw »!
Pour changer complètement l’atmosphère, le trio et le deuxième invité de la séance, l’admirable Xavier Richardeau, nous offrent « Grandfather’s Waltz ». Il s’agit, à nouveau, d’une proposition de Cédric. « Xavier et moi jouons volontiers ce thème. La valse, c’est notre culture à nous français ; le tout mélangé sur des accords « Jazz » nous rallie à 100 % ». Xavier, très lyrique et musical, nous chatoie l’oreille avec son gros son enchanteur. Un vrai régal pour l’auditeur. Une mention spéciale à l’accompagnement léger mais à la fois bien marqué et inventif de Philippe Soirat. Un moment à la fois d’émotions et de poésie.
La séance se termine. Tout le mon monde discute et rigole. Le producteur, Jean-Jacques Grabowski, dit aux musiciens que le minutage du cd est un peu court et qu’un ultime morceau serait le bien venu. Cédric prend immédiatement sa basse et regarde Patrick, arrivant au piano, et lui dit : « Qu’est-ce que tu veux jouer ? ». Et c’est automatiquement que « I’ve Never Been In Love Before » apparaît. Sans crier gare, nos deux compères commencent à jouer, sans aucune répétition. (Cette prise sera la seule). Philippe, loin de ses toms, reste assis et écoute, comme nous, auditeurs, ce qui est en train de se passer. Le duo nous prend immédiatement par le col de chemise, sans jamais pouvoir lui échapper. La belle complicité entre Cédric et Patrick nous donnent presque les frissons tant leur musique est raffinée. « Un ange passe ». On se croirait au « Village Vanguard » de New York, « after hours ». Le club est alors vide, les musiciens jouent encore, avant de rentrer à la maison, un ultime morceau, pour l’amour de la musique et le plaisir d’être là, tous ensemble. Bravo!
Le Jazz : c’est tout ça, ainsi que l’esprit de cette musique. Comme vous venez de l’entendre, le « Cédric Caillaud Trio » fait d’ores et déjà partie des trios de Jazz actuels de France -et de Navarre- sur lesquels il faut désormais compter. Qu’on se le dise sans plus tarder ! Cédric est en train de réussir son pari : être un LEADER. Je lui prédis un avenir prometteur.
Deux témoignages
Pierre Boussaguet, contrebassiste: Cédric que j’ai eu comme élève dès son arrivée à Paris, a su vite trouver sa place dans la communauté des contrebassistes de Jazz et aujourd’hui il signe son premier album en leader; je suis très agréablement surpris par l’unité, le sérieux de son projet et ses qualités de leader que je connaissais pas.
Le son est profond. C’est une démarche courageuse et originale, rare aujourd’hui et la musique de ce trio dégage un fraîcheur bien agréable. Bravo pour le travail accompli.
Xavier Richardeau, saxophoniste: « Un soir, alors que je jouais près de la Rochelle, un jeune musicien vint me voir : « J’ai acheté une contrebasse car je veux et serai un jour ton bassiste ! » J’ai trouvé ce jeune garçon effronté, ne manquant pas de toupet et avait une attitude déplaisante ! Quelque temps plus tard, sachant que j’avais 2 jours « off » -avec un jeune pianiste nommé Baptiste Trotignon,- pas loin de sa ville, il m’appela et me demanda si nous voulions bien venir jouer avec lui, sous son nom, dans un restaurant. Je fus assez époustouflé par son audace et sa ténacité. Nous acceptâmes tout même ses 2 concerts mais avec grande méfiance. Je me suis aperçu, en quelques instants, que ce jeune bassiste possédait à la fois de grandes qualités humaines et musicales ; qu’il était très doué et apprenait vite. Nous sommes devenus rapidement amis. J’ai décerné en lui une vraie soif d’apprendre, d’enrichir ses connaissances instrumentales et musicales. Je lui conseillai vivement de venir à Paris. Je suis très fier, aujourd’hui, de son évolution et de son travail admirable. Cédric est devenu, dans le milieu, une valeur sûre. Son investissement pour la musique est totalement sincère et dévoué. J’étais bien loin d’imaginer que je figurerais, un jour, sur son premier album. »
Caillaud, Allen, Cabon, Soirat. Photos © Cédric Caillaud.
Cédric Caillaud Trio: June 26. Aphrodite Records, 2007. Commandez ce CD chez Amazon.fr, Amazon.com et Amazon.co.uk.
Cédric Caillaud et Harry Allen. Photo © Cédric Caillaud.
Cédric Caillaud. Photo © marydor.com.
Philippe Soirat. Photos © Cédric Caillaud.
Patrick Cabon. Photo © Cédric Caillaud.
Biographie de Cédric Caillaud
Cédric Caillaud est né le 26 juin 1976 à La Rochelle. Il s’initie tardivement à la musique, et ce n’est qu’à l’âge de vingt ans qu’il débute la contrebasse en autodidacte.
Il est rapidement amené à jouer dans plusieurs orchestres régionaux puis part s’installer à Paris en 2000. Il s’inscrit alors à l’IACP où il suit les cours des frères Belmondo, de Clovis Nicolas etc… En parallèle de l’école, il étudie la contrebasse avec Pierre Boussaguet. C’est dans les clubs de la capitale, qu’il fréquente assidument, qu’il continue à apprendre en écoutant des musiciens de renom et en faisant le bœuf aussi souvent que possible. Plus tard il continuera cette démarche à New York.
Musicien polyvalent, aussi à l’aise dans le jazz manouche, Nouvelle Orléans, gospel, blues, mainstream, bebop ou moderne, il est très vite appelé à jouer dans les grands clubs parisiens tels que le Duc des Lombards, Le Bilboquet, le New Morning, le Sunset, le Sunside, ou le Petit Opportun. On le retrouve également dans les grands festivals tels que Jazz à Vienne, Marciac, JVC jazz festival, Tanjazz, Calvi jazz festival, Enghein jazz ou Aroza jazz.
Très présent sur la scène française, on le retrouve aussi régulièrement en Allemagne, Suisse, Italie, Espagne, Angleterre… Mais aussi au Cap vert, en Mauritanie, Tunisie, au Sénégal, au Maroc, etc.
On le retrouve en « sideman » aux côtés entre autres de Bobby Durham, Harry Allen, Robin Mc Kelle, Don Menza, Charles « lolo »Bellonzi, Philippe Soirat, Doug Sides, François Laudet, Jean Pierre Arnaud, Pierre Boussaguet, Alain Jean-Marie, Gérard Badini, Mike « Spike »Wilner, Pierre de Betman, Yataka Shiina, Pierre Christophe, Olivier Hutman, Giovani Mirabassi, Ludovic Depressac, Vincent Bourgeyx, Jerry Edwards, Marc Thomas, Larry Browne, Tina May, Laurence Allisson, Sarah Lazarus, Lionel Belmondo, Stéphane Belmondo, Jean Loup Longnon, Fabien Mary, Barend Middelhoff, Pierrick Pedron, Xavier Richardeau, Christian Escoudé, Marc Fosset, Florin Nicolescu, Costel Nitescu, Marcel Azzola, Pierre Blanchard, Boulou et Elios Ferré, Jérôme Barde, Yves Brouqui, Tchavolo Schmitt, Dorado Schmitt et Samson Schmitt, David Reinarht, Thomas Dutronc… mais aussi en tant que leader avec Philippe Soirat, Patrick Cabon, Harry Allen.
Pour plus d’informations:
– Cédric Caillaud chez Myspace et Aphrodite-Records
– Harry Allen http://www.harryallenjazz.com/
– Patrick Cabon http://www.aphrodite-records.com/main/?q=node/64
– Philippe Soirat http://www.myspace.com/philippesoirat
– Aphrodite Records http://www.aphrodite-records.com
Article du 3 septembre 2009 par « Beethoven » (Jean-Michel Reisser)