Clayton-Hamilton Jazz Orchestra

Août 19, 2005 at 11:51 686

Histoire de l'orchestre et critique du CD Live at MCG

The Clayton-Hamilton Jazz  Orchestra : « Live At MCG » MCG/Telarc 1017-2.

L’orchestre: John Clayton (conducteur, arrangeur, basse), Jeff Hamilton (bat), Jeff Clayton (saxes+flûte) + Keith Fiddmont (alto+clarinette), Rickey Woodward (ténor+clarinette), Charles Owens Ténor), Lee Callet (baryton, clarinette basse), Bijon Watson, Sal Cracchiolo, Clay Jenkins, Snooky Young, Gilbert Castellanos (tp), Ira Nepis, George Bohanon, Ryan Porter, (tb), Maurice Spears (tb basse), Tamir Hendelman (p), Randy Napoleon (gt), Christoph Luty (basse), Pitttsburgh, Mai 2004.

Les titres de Live At MCG: Georgia On My Mind, Jody Grind, Nature boy, Lullaby Of The Leaves, Silver Celebration : Tribute to Horace Silver, Captain Bill, Mood Indigo, Evidence, Like A Lover, Eternal Triangle, Squatty Roo.

Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que ce formidable orchestre n’inonde pas les bacs des disquaires, loin s’en faut ! Il fête ses 20 ans d’existence et on ne l’a vu et entendu en « live » que l’an passé pour quelques dates en Allemagne, Italie et France. C’est bien trop peu! D’ailleurs, qui connaît ce big band ? Peu … C’est l’occasion de le découvrir enfin! Faisons le bilan: en 20 ans, il n’a enregistré que 5 albums sous son nom plus un sous le nom d’Ernestine Anderson et un autre avec, en invité de marque, le génial vibraphoniste Milt Jackson.

« Cet orchestre, c’est d’abord une vraie famille » m’avoue Jeff Hamilton. « Depuis nos débuts, nous n’avons eu que peu de changements de personnel. Seuls trois de nos membres sont décédés récemment et nous avons bien dû les remplacer. Nous sommes toujours ensembles et nous nous appelons tout le temps les uns les autres ».  Et John Clayton rajoute: « Notre point de ralliement est la Musique, s’éclater un maximum tout en la respectant au plus haut point». Le frère de John, Jeff Clayton, aussi co-leader du groupe m’avoue : « John écrit tous les arrangements en tenant compte de chacune des personnalité de l’orchestre, des sonorités propres à chacun de nous. Et si un des musiciens quitte l’orchestre, il retire immédiatement l’arrangement ou le réarrange complètement». Cette manière me fait bien étrangement penser à  … Maestro Duke Ellington … n’est-ce pas?

John Clayton est né en 1951. Il étudie sérieusement la basse à l’âge de 16 ans quand il prend des cours avec … Ray Brown lui-même! Ray devient alors le mentor de John Clayton. Le protégé étudie la musique classique. C’est en 1975 à l’université d’Indiana qu’il rencontre le batteur Jeff Hamilton. Ils deviennent immédiatement des amis inséparables et musiciens complémentaires à jamais. Si bien que le pianiste Monty Alexander fait appel à eux l’année suivante pour former, ce qui reste toujours, son meilleur trio. John tourne donc avec le trio dans le monde entier et joue avec Milt Jackson, Hank Jones, Kenny Burrell, Benny Carter etc … En 1978, il entre, sans audition, dans l’orchestre de Count Basie (ce qui est exceptionnel pour le relever). Basie compose d’ailleurs un titre exprès pour lui (!), chose que le Count n’a que très rarement réalisée en 50 ans de carrière. Count Basie l’appelait « Youngblood ».

Dès 1980, il s’établit en Europe. Il joue mais aussi compose et dirige partout avec des orchestres philarmonic, big bands et trios de Jazz. Il acquiert une solide réputation « d’homme à plusieurs casquettes » de grand talent. Dès 1984, il retourne aux USA et continue toutes ces activités avec grands succès pour Diana Krall, Nathalie Cole, McCoy Tyner, Whitney Houston, George Benson, Quincy Jones et bien d’autres. Il devient, dans les années 90, le directeur musical de nombreux festivals de Jazz aux USA, tout particulièrement celui du Los Angelès Philarmonic.

Jeff Hamilton est né à Indiana en 1953, a étudié la musique et la batterie dès son jeune âge. Mais c’est la musique avec la percussion qui l’intéresse et non pas l’inverse. Ray Brown m’avoua un jour que Jeff « est un des seuls batteurs à vraiment connaître la musique de A à Z ! Beaucoup sont de grands batteurs mais quand il faut jouer avec les autres, lire et être ensemble, là commencent les problèmes. Avec lui, tout est facile pour tout le monde». Sans commentaire …

Il débute avec Woody Herman, puis il devient membre du trio de Monty Alaxander en 1976. Ray Brown le fait s’installer à L.A. et l’engage, en 1978, dans son groupe « The L.A. Four » pour remplacer Shelly Manne. Sa réputation grandit très vite et il devient l’un des batteurs les plus demandés de la scène aux USA et dans les studios en Californie. Il joue absolument avec tout le monde (Count Basie Orchestra, Diana Krall, Frank Sinatra, Milt Jackson, « Sweets » Edison, Lalo Schifrin, Dr John  etc …) et devient, dès 1987, membre du Ray Brown Trio. Il va voyager dans le monde entier sans cesse. Dès 1994, il forme alors son propre trio qu’il emmène également partout en Europe et au Japon. « Il est tellement occupé qu’il doit battre l’agenda du Pape » m’a confié Diana Krall tout récemment.

Même si le Clayton-Hamilton Jazz Orchestra n’a que très peu enregistré, il a joué et épaulé beaucoup de grands tels que Ernestine Anderson, George Benson, Diana Krall, Nathalie Cole, Phil Woods, Milt Jackson, Quincy Jones, Michael Bubbé … Il fut l’orchestre résident du Hollywood Bowl de 1999 à 2001, voyage régulièrement au Japon. Cet album « live » nous restitue ce que l’on peut entendre régulièrement de ce groupe. On est de suite frappé par l’attaque sèche et très précise des diverses sections, ainsi que l’aisance dans le phrasé de masse qui était cher à notre inoubliable Count Basie (« Georgia »). Puis, on se rend compte que le son de l’orchestre est ultra net, chaud, envoûtant, excitant et exubérant, tout ça à la fois (« Silver Connection », un hommage au tout grand Horace Silver, une composition et arrangement de John). Et les solistes sont superbes et très inspirés : le ténor Rickey Woodward dans « Georgia », le trombone George Bahanon dans « Lullaby Of The Leaves », Lee Callet au baryton dans « Squatty Roo », Ryan Porter au trombone dans « Jody Grind » … Et puis , le doyen de l’orchestre, le toujours très jeune fringuant légendaire trompettiste Snooky Young, 86 ans (!), nous gratifie d’un magnifique solo dans « Like A Lover ». John Clayton nous rappèle qu’il est un des plus grands bassistes dans « Nature Boy ». Bon nombre de ses confrères les bassistes classiques peuvent aller prendre des leçons chez lui dès demain matin. John est issu des grands arrangeurs (avec lesquels il a étudiés !) tels que Benny Carter, Quincy Jones, Bill Holman, Oliver Nelson, Thad Jones mais aussi de Gil Evans («Like A Lover »). Et puis, l’omniprésence inspiration première reste celle de Duke Ellington-Billy Strayhorn, tels « Mood Indigo » ou « Squatty Roo ». Dans ce dernier, il s’inspire de l’arrangement de Ray Brown pour en faire le sien. Ca, c’est très fort! L’orchestre donne deux coups de chapeaux en un dans « Captain Bill ». Ce titre fut composé en 1982 par Ray Brown pour Count Basie, surnommé « Captain Bill » car il portait toujours des casquettes de marin.

Jeff Hamilton doit être un exemple pour tous les batteurs du monde. Je vous demande de l’écouter à part, pour vous rendre compte de son travail fabuleux au sein de cet orchestre. Il est à la fois l’inspiration, le catalyseur pour tous. Il insuffle le rythme, le retient, le met en avant, enlève les temps, les rajoute avec une magie totale, le tout muni d’un son incroyable et d’un swing digne des plus grands de tous les temps. Les exemples sont partout, dans tous les thèmes. Ecoutez très attentivement ce qui se passe car ici, il ne s’agit pas de rouleaux compresseurs mais exactement de leurs contraires : le tact, la musicalité, l’originalité et le son ! Une bonne partie de la définition du Jazz non?

Et soulignez également, la prise de son remarquable de cet album et de l’organisation « Manchester Craftsmen’s Guild » à Pittsburgh, qui réalise un travail extraordinaire quand à la promotion et production du Jazz aux USA. Messieurs: un tout grand bravo et continuez votre travail de bénédictin!

Avec le Clayton-Hamilton Jazz Orchestra, c’est l’embarquement immédiat et sans détour vers les destinations variées des diverses îles du Jazz. On y goûte, sent, ressent toutes les odeurs qui en font sa base et son tout. Et je vous garantis qu’avec lui, nous n’avons pas fini d’en faire le tour. Indispensable!

Discographie de l’orchestre
– « Boogie Down » 1987 avec Ernestine Anderson Concord 4407
– « The Groove Shop » 1989 Capri Records  74021-2
– « Heart And Soul »   1991 Capri Records 74028-2
– « Absolutely » 1993 Lake Street Records 2002-2
– « Explosive » avec 1998 avec Milt Jackson  Qwest/Warner Bros 47286
– « Shout Me Out » 2000 Fable/Lightyear 54395-2

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The Clayton-Hamilton Jazz Orchestra: Shout Me Out. 2000. Commandez le CD chez Amazon.fr ou Amazon.com.


The Clayton-Hamilton Jazz Orchestra with Milt Jackson: Explosive. Qwest/Warner Bros 47286, 1999. Commandez le CD chez Amazon.frAmazon.co.uk ou Amazon.com.


The Clayton-Hamilton Jazz Orchestra: Groove Shop, 1989. Commandez le CD chez Amazon.fr ou Amazon.com.

Article par « Beethoven » Jean-Michel Reisser.