Le film avec Russell Crowe dans le rôle du boxeur Jim Braddock
Il était une fois une légende des années trente, Jim Braddock, le boxeur du New Jersey, qui a réalisé le come-back du siècle en battant le grand favori pour l’obtention du titre de champion du monde, Max Baer. Au moment où toute l’Amérique sombre dans la Grande Dépression, Braddock vit le rêve américain, l’ascension d’un plongeur – en fait d’un docker – au rang de millionnaire.
La toile de fond du film De l’ombre à la lumière (Amazon.fr, Amazon.com, Amazon.co.uk) est le krach de 1929 et la dépression qui s’ensuivit. Cependant, le metteur en scène Ron Howard ne nous montre pas les speak-easys où on vendait illégalement de l’alcool pendant la prohibition, la mafia qui contrôlait non seulement le marché de l’alcool, mais s’immisçait également dans la boxe, ainsi que les combats de boxe arrangés, une pratique répandue à l’époque à New York.
Une fois de plus, Russell Crowe délivre une performance magistrale en interprétant un boxeur qui fait tout pour sortir sa famille de la misère. Malgré ces conditions familiales misérables, que le film nous montre, De l’ombre à la lumière n’est pas une oeuvre réaliste, mais plutôt un conte de fée dans le style de Hollywood. Le titre américain du film,Cinderella Man (homme cendrillon, un surnom que Braddock a reçu du journaliste Damon Runyon dans les années 1930), est donc bien choisi.
Comme c’est souvent le cas, bien que De l’ombre à la lumière soit inspiré d’une histoire vraie, certains évènements du film sont de la fiction, certains personnages sont composés ou inventés pour l’occasion.
James Walter Braddock (interprété par Russell Crowe) est né le 7 juin 1906 à New Jersey. Après une série de petits boulots, il devient d’abord boxeur amateur – son premier combat officiel a lieu en 1923 – puis professionnel en 1926. Il se distingue par son terrible droit. A ses débuts il est baptisé « le bouledogue de Bergen », car il vient de North Bergen, New Jersey. Il semble sur le chemin du sommet lorsqu’une blessure irréparable du bras droit lui fait perdre sa frappe gagnante et son pouvoir d’attaque. Sa carrière commence à décliner. En 1929, il subit une terrible défaite face au champion des Lourds-Légers Tommy Loughran dans un combat éprouvant sur quinze rounds, dont il ne se remet pas.
Braddock perd non seulement ce combat par décision arbitrale, mais par la suite, à cause de sa main cassée, il sera incapable de faire des combats honorables. La commission de la boxe révoque sa licence, car la boxe est un business et des combats peu attractifs font fuir les spectateurs, surtout en temps de crise, où l’argent arrive au compte-gouttes.
La même année 1929, Wall Street subit le fameux krach. La Grande Dépression qui suit touche New York sévèrement. En 1932, presqu’un Américain sur quatre est sans emploi. Jim Braddock subit également le choc. Appauvri, il cherche – souvent sans succès – de l’emploi sur les docks de New York City. Le jour où il n’arrive plus à payer ses factures de lait, gaz et électricité, il est forcé de demander l’aide de l’Etat (Public Relief), une humiliation pour cet homme fier.
Mais son amour et sa dévotion pour sa famille, son sens de l’honneur et de la dignité lui font serrer les dents et saisir la chance qui se présente: Un combat unique pour payer ses dettes et sortir sa femme et ses trois enfants de la pauvreté. Il devient ainsi le héros des hommes ordinaires qui se battent comme lui tous les jours. Il porte les espoirs et les rêves des masses appauvries. Il est moins un boxeur extraordinaire qu’un homme décent qui boxe son chemin non pas vers la gloire, mais vers un futur meilleur pour sa famille.
Ce combat unique est le fruits des efforts de son manager infatigable, Joe Gould, interprété dans le film par Paul Giamatti, qui s’est fait remarqué dans le film nominé aux OscarsSideway. En 1934, Braddock reçoit de nulle part l’occasion de se mesurer avec le Poids Lourd en pleine ascension John « Corn » Griffin (interprété par Art Binkowsky) au Madison Square Garden.
Personne ne donne une chance à Jim Braddock, qui est considéré trop vieux, littéralement trop affamé, et trop blessé physiquement pour faire le poids contre Griffin. Sa femme Mae (interprétée par Renée Zellweger, une performance moins mémorable que dans Bridget Jones’s Diary) s’y oppose sans succès. Braddock entre sur le ring sans entraînement, à part le travail dur sur les docks. Mais au grand étonnement du public et des médias, Braddock réussit à envoyer Griffin au tapis lors du troisième round. Ce come-back incroyable fut notamment possible grâce à une gauche renforcé par le travail sur les docks, ce qui lui permettait de compenser la perte de son foudroyant droit.
Par la suite, Braddock court d’une victoire à l’autre. Peu après son come-back, il gagne un combat en dix rounds contre le Lourds-Légers John Henry Lewis (interprété par Troy Amos-Ross). Ensuite, il arrive à battre le déjà fameux Art Lasky (interprété par Mark Simmons) dans un combat passionnant sur quinze rounds.
Une des premières choses que Braddock fait avec ses gains, c’est de rembourser l’aide publique (Public Relief). Cet acte honorable lui vaut le surnom de « Gentleman Jim » par une base d’admirateurs de plus en plus large. Sur le ring, Braddock est surtout connu pour ses feintes rusées et sa gauche mortelle.
Puis, la chance de sa vie arrive: la possibilité d’un combat contre le champion du monde des Poids Lourds Max Baer (interprété par Craig Bierko, excellemment en ce qui concerne le côté flamboyant de Baer, moins convaincant en ce qui concerne la boxe). Ses managers ont essayé de faire de Baer une star de cinéma, car il sait danser et chanter. Baer est une grande personnalité, amusante et légère.
D’ailleurs, en 1933, Baer a gagné un autre combat de légende contre l’Allemand Max Schmeling. Une année plus tard, le soir où Braddock affronte avec succès Corn Griffin, Baer bat Primo Carnera (interprété par Matthew G. Taylor), en l’envoyant par terre onze fois en onze rounds.
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De l’ombre à la lumière
Régie, metteur en scène: Ron Howard.
Photographie: Salvatore Totina.
Montage: Daniel P. Hanley et Mike Hill.
Scénario: Cliff Hollingsworth.
Adaptation du scénario pour le cinéma: Cliff Hollingsworth et Akiva Goldsman.
Film produit par Brian Grazer, Ron Howard et Penny Marshall.
Jim Braddock…………………………………………………..Russell Crowe
Mae Braddock……………………………………………….Renée Zellweger
Joe Gould…………………………………………………………Paul Giamatti
Max Baer……………………………………………………………Craig Bierko
Mike Wilson…………………………………………………Paddy Considine
Jimmy Johnston………………………………………………..Bruce McGill
Ford Bond……………………………………………………….David Huband
Jay Braddock…………………………………………………….Connor Price
Rosemarie Braddock……………………………………………Ariel Waller
Howard Braddock………………………………………………Patrick Louis
Sara ………………………………………………………….Rosemarie DeWitt
Lucille Gould………………………………………………………..Linda Kash
Sporty Lewis……………………………………………..Nicholas Campbell
Jake………………………………………………………………………Gene Pyrz
Father Rorick…………………………………………………Chuck Shamata
Joe Jeanette ……………………………………………………….Ron Canada
Alice………………………………………………………………Alicia Johnston
John Henry Lewis………………………………………….Troy Amos-Ross
Art Lasky………………………………………………………..Mark Simmons
Corn Griffin………………………………………………………Art Binkowski
Abe Feldman…………………………………………………..David Litzinger
Primo Carnera…………………………………………….Matthew G. Taylor
Announcer Al Fazin…………………………………………..Rance Howard
Braddock est averti. En plus, il est nettement plus petit et moins expérimenté que Baer. Braddock n’a que sa gauche pour gagner. Baer a une réputation terrible, ayant tué un adversaire sur le ring. Malgré les avertissements de sa femme et après un entraînement intensif, Braddock relève le défi en 1935.
Baer domine les premiers rounds, mais contre toute attente, il n’arrive pas à mettre Braddock KO. A chaque fois qu’un boxeur semble dominer et que la fin est proche, l’adversaire arrive à faire surface dans le round suivant. Après quinze rounds éprouvants, Braddock est unanimement déclaré vainqueur.
Instantanément, ce combat est déclaré le renversement de l’histoire de la boxe. Des gens ordinaires fêtent la victoire de Braddock comme si un membre de leur famille avait remporté la victoire. Braddock perd son titre en 1937 contre Joe Louis, qui le met KO au huitième round. Braddock a 31 ans, Louis seulement 23. L’année suivante, Braddock bat le talentueux Tommy Farr, ce qui le met dans la position de se battre encore une fois pour le titre de champion du monde. Mais Cinderella Man reste sage et se retire. Non pas parce qu’il en a assez de la boxe, confie-t-il aux journalistes, mais parce qu’il le doit à sa femme et à sa famille.
Jim Braddock sert honorablement durant la Deuxième Guerre Mondiale, possède et met à disposition de l’équipement lourd sur les docks, là même où il travaillait dans ses années de misère. Après la guerre, il aide à construire le fameux Verrazano Bridge à Brooklyn, qui fut à l’époque le pont suspendu le plus long du monde. Jim Braddock meurt le 29 novembre 1974 à l’âge de 68 ans à North Bergen, New Jersey.
Quelques remarques au sujet du film De l’ombre à la lumière:
Le seul personnage fictif majeur du film, Mike Wilson (interprété par Paddy Considine), est un ex-broker qui perd son travail à la bourse après 1929 et devient l’ami de Braddock, en travaillant avec lui sur les docks. Il ne réalise pas son destin et devient la victime de la Grande Dépression ainsi que des affrontements entre syndicalistes et policiers. Son histoire est censée faire le contrepoint à la fulgurante ascension de Braddock.
Les deux raisons pour lesquelles vous devez voir De l’ombre à la lumière sont les suivantes: Russell Crowe, une fois de plus dans une interprétation extraordinaire, et les scènes de boxe qui vous coupent le souffle. Le chorégraphe de boxe Nick Powell et le coordinateur de boxe et des cascades, Steve Lucescu, tous les deux sous la direction de l’entraîneur et consultant de boxe Angelo Dundee, qui a notamment travaillé avec Muhammad Ali et Sugar Ray Leonard, ont fait un travail remarquable, orchestrant quelques-unes des scènes de boxes les plus remarquables de l’histoire du cinéma. La photographie de Salvatore Totina et le montage de Daniel P. Hanley et Mike Hill y ajoutent leurs contributions.
Par souci d’authenticité, Russell Crowe a employé les méthodes d’entraînement de l’époque. Dans les années 1930, les boxeurs utilisaient rarement les poids, leurs corps étaient donc moins musclés que ceux des athlètes d’aujourd’hui. Ils mettaient l’accent sur la cardiographie et l’entraînement interminable sur le ring.
Beaucoup de contemporains jugeaient le physique de Braddock trop léger et trop fracassé pour espérer gagner un simple trophée local, encore moins un titre de champion des Poids Lourds. Pour mieux capter le style de Braddock, Crowe a travaillé la chorégraphie avec Angelo Dundee, qui avait plusieurs fois vu le champion au combat. L’entraîneur montra à Crowe comment utilisé la gauche que Braddock avait développée pour surmonter la faiblesse de sa droite.
Selon les dires de Dundee, Russell Crowe a réussi à assimiler les manières, la façons de se déplacer, la souplesse, le travail des pieds et le combat intelligent de Braddock. Une semaine avant le début du tournage, Crowe s’est déboîté une épaule pendant l’entraînement intensif sur le ring. La production a dû être retardée de plusieurs semaines. L’acteur a utilisé ce temps pour améliorer ses mouvements des pieds et son action sur le ring.
Pour les scènes de boxes, l’équipe de tournage a utilisé un grand nombre de caméras et d’angles pour capturer la nature du sport. Ceci avait un prix: pour obtenir des coups freinés pour des caméras multiples, les acteurs ont dû aller jusqu’à la limite de toucher l’adversaire. A plusieurs reprises, des contacts se sont réellement produits, ce qui a accentué le réalisme des scènes. Selon le studio, Crowe aurait souffert à plusieurs reprises de commotions cérébrales et auraient eu des dents cassées.
Durant le combat avec Lasky (Mark Simmons), Crowe a reçu un coup direct tellement fort que Paul Giamatti, dans le rôle de Joe Gould, a réagi avec horreur. Son regard, capté par la caméra, est réel et pas joué. Néanmoins, Crowe a réussi à continuer la scène. Les deux plans se trouvent dans le montage final de De l’ombre à la lumière.
Un autre facteur qui a ajouté au réalisme des scènes de boxe est le fait qu’un groupe de boxeurs professionnels a été engagé comme adversaires de Russell Crowe: Art Binkowski dans le rôle de Corn Griffin, Troy Ross dans le rôle de John Henry Lewis et Mark Simmons dans le rôle de Art Lasky. Seul Craig Bierko, qui interprète Max Baer, est un acteur, et ceci se voit dans les scènes de boxe. Sachant ces faits, la performance de Russell Crowe est d’autant plus remarquable. Il passe sans problème pour un boxeur.
De l’ombre à la lumière est un vrai conte de fées américain, avec une fin hollywoodienne; la défaite contre Joe Louis n’est pas dans le film, qui se termine avec la victoire contre Baer. La vie ultérieure de Braddock est seulement signalée par quelques phrases à la fin du film. De l’ombre à la lumière souligne la force de l’Amérique, son optimisme de pouvoir y arriver si on y croit. Bref, le rêve américain dans toute sa splendeur!
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