Henri Cartier-Bresson : Revoir Paris

Juil 01, 2021 at 16:26 2555

A la suite de l’exposition Paris à vue d’œil de novembre 1984 à janvier 1985, le photographe Henri Cartier-Bresson (HCB) a fait don au musée Carnavalet à Paris de 132 tirages de ses photos, puis offert une nouvelle œuvre en 1988.

Ce musée moins connu vient d’être rénové. Pour sa première exposition temporaire après réouverture, le musée Carnavalet – Histoire de Paris propose une relecture de l’œuvre parisienne du photographe Henri Cartier-Bresson sous le titre Henri Cartier-Bresson : Revoir Paris (catalogue), complétée de nouvelles découvertes grâce à une collaboration avec la Fondation Henri Cartier-Bresson, installée rue des Archives depuis 2018. Cette collaboration inédite avec un établissement culturel de Paris Centre est aussi l’occasion de renforcer le réseau de coopération activement développé par le musée, explique le maire de Paris Anne Hidalgo dans sa préface du catalogue.

Eugène Atget a jeté les bases de la photographie d’auteur en prenant comme sujet la plus belle ville du monde : Paris. Le photographe français l’a suivi, tout un poursuivant un parcours propre à lui. L’exposition Henri Cartier-Bresson : Revoir Paris (catalogue) offre une découverte à la fois chronologique et thématique de ses photos de la capitale française. Elle est proposée par les deux commissaires scientifiques, Anne de Mondenard et Agnès Sire, qui, explorant les liens du photographe à Paris, montrent aussi l’affirmation de son point de vue. Au terme de deux années de recherche, leur sélection de quelque cent quatre-vingts œuvres donne à voir le meilleur des collections du département des Photographies et Images numériques du musée Carnavalet et de la Fondation Henri Cartier-Bresson. Aux tirages originaux s’ajoutent des publications, ainsi que des enregistrements audiovisuels de l’artiste. L’Atelier de restauration et de conservation des photographies de la Ville de Paris (ARCP) s’est mobilisé pour le montage de tirages de très grand format.

Agnès Sire, qui a eu la chance de cheminer professionnellement avec Henri Cartier-Bresson pendant les vingt dernières années de sa vie, explique dans le catalogue que même s’il n’est pas associé à la ville comme l’ont été Eugène Atget, Robert Doisneau ou Brassaï, c’est à Paris qu’Henri Cartier-Bresson produit certains des chefs-d’œuvres qui l’ont rendu célèbre, telle l’image de la gare Saint-Lazare (p. 47) ou celle d’Alberto Giacometti sous la pluie (p. 169). Fasciné par son ami Giacometti, son mentor, HCB cherchait la structure, l’essentiel.

Anne de Mondenard et Agnès Sire, en préparant les deux expositions croisées, Henri Cartier-Bressson : Revoir Paris au musée Carnavalet et Atget. Voir Paris à la Fondation Henri Cartier-Bresson, il leur a paru clair que, dans les deux cas, un travail historique s’imposait. Pas question de montrer pour Cartier-Bresson une centaine de perles, collier déjà bien souvent exhibé; il fallait plutôt suivre le déroulé de sa longue carrière, des influences jusqu’au dessin retrouvé à la fin de sa vie.

Agnes Sire souligne que «faire le trottoir» à Paris lui a réservé nombre de surprises qui, comme pour Louis Aragon et son Paysan de Paris, ont produit des images libres et pertinentes à la fois; visant alternativement des personnes, des paysages ou les deux, ses tirs discrets relèvent selon le photographe de la temporalité du carnet de croquis. Du surréalisme Henri Cartier-Bresson a retenu les coïncidences – «il n’y a pas de hasards» – et, de son goût pour l’abstraction, la géométrie. «Aucune photo n’est recadrée, c’est ma joie que le gibier tombe juste», expliquait-il à Hervé Guibert en 1985.

Parmi les chapitres, notons celui au sujet de la libération de Paris car c’est l’un des rares grands événements d’actualité que couvre Henri Cartier-Bresson, qui plus est dans la durée, quadrillant la capitale pendant plusieurs jours, même s’il évite les combats.

Anne de Mondenard note que HCB est attentif aux révoltes. S’il est un thème qui traverse l’œuvre parisienne de Cartier-Bresson, qui du reste renvoie à son caractère, explique son éloignement du milieu familial, justifie ses liens avec le mouvement surréaliste et, plus tard, ses convictions anticonsuméristes et écologistes, c’est bien le sentiment de révolte. Mais le photographe dit également : «Je n’ai ni message, ni mission, j’ai un point de vue.» Ces photos au sujet de mai 1968 sont remarquables mais pas assez proches d’un moment fort et symbolique, ni suffisamment spectaculaires ni romantiques, trop complexes en somme, ce qui ne fait qu’entretenir l’incompréhension entre Cartier-Bresson et la presse d’information, souligne Anne de Mondenard.

Ce ne sont que détails d’un livre riche en information et en photographies.

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– Henri Cartier-Bresson: 1908-2004 (article en allemand; je voulais encore recontrer le photographe l’année de sa mort au sujet d’une exposition, mais il était déjà trop fragile et ne recevait plus que des membres de sa famille et des amis proches).

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Critique de livre ajouté le 1 juillet 2021 à 16:26 heure de Paris.