Lors d’un congrès de parti extraordinaire à Salzburg, les 275 délégués Verts acceptent en majorité la coalition avec les conservateurs autrichiens, le contrat de coalition négocié sous la direction de leur chef Werner Kogler avec le Parti populaire autrichien (ÖVP) sous la direction de l’ex- et futur chancelier Sebastian Kurz ainsi que la liste des membres du cabinet qui viennent du parti des Verts.
93,18% des délégues Verts ont approuvé la coalition avec le ÖVP ainsi que le programme de cette coalition. 99,25% ont approuvé la liste des ministres Verts qui entrent au gouvernement.
Cette alliance entre le Parti populaire autrichien du jeune Sebastian Kurz (*1986) et des Verts sous Werner Kogler (*1961) est inédite en Autriche. Ce gouvernement dit turquoise-vert (les couleurs du ÖVP et des Verts) est devenu possible grâce à un scandale.
Le chef du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) Heinz-Christian Strache (*1969) s’est fait piégé lors d’une soirée alcoolisée dans une villa à Ibiza. Une jeune et belle femme s’est présentée comme la nièce d’un oligarque russe. Entre nous : le vrai oligarque n’a ni frère ni sœur et donc pas de nièce. Heinz-Christian Strache et la fausse nièce discutent comment, avec l’aide de Strache et du FPÖ, elle pourrait financer de façon occulte le FPÖ et racheter le quotidien le plus important de l’Autriche (Kronen Zeitung) pour y installer des journalistes plus en faveur de Strache et du FPÖ. Tout a été filmé avant les élections de fin 2017, mais le fameux Ibizgate n’éclate qu’en mai 2019 lorsque la vidéo tournée clandestinement est rendue publique. Il paraît que les gens derrière ce piège ont voulu gagner de l’argent avec la vidéo et l’ont offert à plusieurs médias, qui ont tous refusé de payer de l’argent. Ce sont finalement les journaux allemands Süddeutsche Zeitung et Spiegel qui publient des extraits de la vidéo sur leurs sites en ligne, tout en affirmant qu’ils n’ont payé aucun centime. Heinz-Christian Strache doit démissionné de son poste de vice-chancelier dans le gouvernement Kurz. Par la suite, Strache sera exlcu de son parti (FPÖ). La coalition entre ÖVP et FPÖ prend fin et le chancelier Kurz annonce des élections anticipées.
C’est la grande chance pour les Verts qui, fin 2017, n’ont pas franchi le seuil des 4% pour entrer au parlement. Lors des élections de septembre 2019, ils récoltent 13,9% sous la direction de Werner Kogler. C’est le meilleur score (historique) pour ce part. Les conservateurs du ÖVP du chancelier Kurz obtiennent 37,5% des voix. Ensemble, ces deux partis sont en mesure de former un gouvernment car ils détiennent une majorité absolute des sièges au parlement.
Avec ses collègues des Verts, Werner Kogler a négocié un contrat de coalition de plus de 300 pages avec le Parti populaire autrichien sous la direction de Sebastian Kurz. A la fin, il obtient 4 ministères, les conservateurs en auront 11. A cela s’ajoute un secrétaire d’Etat pour la ÖVP et une secrétaire d’Etat pour les Verts.
En bref, le contrat de coalition prévoit de réduire les impôts grâce à une réforme écologique. Les deux partenaires veulent un système avec des impôts moins lourds qui rendra le pays plus écologique. Affaire à suivre.
Le présidence élargie du Parti populaire autrichien a unanimement approuvé le contrat de coalition ainsi que la liste des membres du ÖVP qui feront parti du cabinet. Il ne manquait donc que le oui des Verts. Cela s’est fait aujourd’hui.
Cette coalition turquoise-verte est actuellement la meilleure solution pour l’Autriche. Les sociaux-démocrates du SPÖ se déchirent actuellement dans une lutte interne. De toute façon, une nouvelle grande coalition entre ÖVP et SPÖ auraient renforcé encore plus le parti populiste FPÖ avec le risque de finir avec un chancelier du FPÖ. Le nouveau parti libéral Neos n’a pas gagné assez de sièges au parlement pour former un gouvernment avec le ÖVP. Quant au FPÖ, ce parti populiste de droite doit se réformer. L’affaire Strache (Ibizagate) a montré une fois de plus, qu’il n’est pas un parti comme les autres. Mais l’idée de l’associer au pouvoir comme partenaire minoritaire n’était pas faux. Il avait ainsi la chance de prouver qu’il savait bien gouverner. L’histoire a montré qu’il n’est pas encore prêt. Et le FPÖ a ainsi laissé des plumes aux urnes.
Il fallait une solution inédite en Autriche. C’est fait. Il reste aux partis ÖVP et Verts de montrer qu’ils savent mieux gouverner que les cabinets précédents. Ce pari est loin d’être gagné.
A lire également notre article en allemand au sujet des membres du gouvernement de la nouvelle coalition entre les Verts et le Parti populaire autrichien.
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Werner Kogler le 26 août 2013. Photo Copyright : Manfred Werner – Tsui. Source: Wikipedia / Wikimedia. Werner Kogler beim Wahlkampfauftakt von Die Grünen – Die Grüne Alternative zur Nationalratswahl in Österreich 2013 im Palmenhaus im Burggarten in Wien. 26. August 2013.
Article du 4 janvier 2020 ajouté à 18:38 heure de Paris.