Lors des élections générales en Italie du 4 mars 2018, les quelques 32,8 million d’électeurs de la Chambre des députés et les quelques 30,2 million d’électeurs du Sénat ont fait un choix entre peste et choléra ; le nombre inférieur pour le Sénat s’explique par le fait que seulement les électeurs ayant au moins 25 ans ont le droit de choisir des Sénateurs ayant au moins 40 ans.
Le résultat qui découle du choix des quelques 73% des électeurs qui se sont rendus aux urnes est peux inspirant. Le Mouvement 5 étoiles devient le premier parti en Italie, ayant obtenu 32,7% (+7,1%). Le parti a gagné 222 (+134) des 630 sièges dans la Chambre des Députés ainsi que 115 (+80) des 315 sièges au Sénat. Le leader du Mouvement 5 étoiles, Luigi di Maio, est un populiste, mais plus modéré que le fondateur du mouvement, le comique Beppe Grillo. Luigi di Maio a la volonté de gouverner et n’exclut plus à priori toute coalition avec les autres partis, sous condition évidemment qu’il devient premier ministre. Luigi di Maio a abandonné l’idée fétiche, mais impraticable d’une sortie de l’Italie de la zone euro ; la nouvelle monnaie italienne serait immédiatement dévaluée et perdrait énormément de la valeur par rapport à l’euro. La dette italienne (en euro) exploserait. De surcroît, les taux d’intérêts sur la dette publique ainsi que privée augmenteraient fortement. Avec l’abandon de cette solution fantaisiste pour soi-disant régler les problèmes de l’Italie, Luigi di Maio a fait un pas vers plus de sérieux du Mouvement 5 Etoiles. Cependant, il reste beaucoup de chemin a parcourir. Il est un leader sans aucune expérience exécutif. De surcroît, il n’a pas fini ses études et n’a rien accompli dans sa vie à part devenir chef d’un mouvement populiste. Le parti compte 72% de nouveau élus sans expérience dans un poste politique. Du côté positif, il faut remarquer que le mouvement compte beaucoup d’intellectuels, de scientifiques, médecins, avocats, journalistes, etc. dans ses rangs. Il y a donc un lueur d’espoir que certains parlementaires auront des idées constructifs pour mieux gouverner l’Italie.
Quant à l’alternative au Mouvement 5 étoiles et Luigi di Maio, elle n’est pas très prometteuse. La coalition de centre-droit, composé de la Ligue de Matteo Salvini, de Forza Italia de Silvio Berlusconi et des Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, a gagné 37% (+7,8%) des voix lors des élections générales de 2018. La coalition contrôle 262 (+144) sièges dans la Chambre des Députés ainsi que 129 (+43) au Sénat. Cependant, cette coalition est très hétéroclite. Le populiste xénophobe Matteo Salvini n’a obtenu que 125 sièges dans la Chambre et 58 au Sénat. Il ne s’entend pas bien avec Silvio Berlusconi de Forza Italia qui, soutenu dans son idée par des sondages pré-électorales, si croyait toujours le leader incontesté de la coalition de centre-droit. Mais avec seulement 104 Députés et 61 Sénateurs, Forza Italia et Silvio Berlusconi ne font plus le poids face à la Ligue et Matteo Salvini. Quant au troisième coalitionnaire, Fratelli d’Italia, il s’agit d’une minuscule force peu recommandable, postfasciste et eurosceptique, qui n’a obtenu que 32 sièges dans la Chambre et 18 au Sénat.
Avec Silvio Berlusconi, qui n’est plus le leader de la droite, la coalition de centre-gauche de Matteo Renzi est le grand perdant de cette élection. Avec seulement 22,9% des voix et maintenant 122 (-200) Députés et 50 (-78) Sénateurs, le parti paye le prix d’une politique qui n’a pas assez réformé le pays pour porter des résultats substantiels, mais qui a fortement déplu à la base électorale du centre-gauche et qui a divisé le Parti démocratique (PD) au point qu’il y a eu une scission. L’ancien premier ministre Matteo Renzi, un publicitaire de formation, surnommé “Le démolisseur”, a fini être démoli lui-même ; après la défaite électorale, il a démissionné de son poste de chef du PD.
La situation politique en Italie est très compliquée. Aucune force politique peut gouverner seul. Pendant la campagne électorale, les trois grands camps politiques ont mutuellement exclu de former une coalition avec une des autres forces politiques. Le pays est paralysé.
La dette publique de l’Italie dépasse toujours les 130% du PIB. Contrairement à l’Allemagne, l’Italie n’a pas eu la force de profiter des intérêts artificiellement bas, grâce à la politique expansive de la BCE, pour réduire sa dette. Dans la prochaine crise, elle n’aura pas de marge de manœuvre. Le taux de chômage se situe autour de 11%. Dans le fameux Ease of Doing Business index de la Banque mondiale, l’Italie montre toujours de grandes faiblesses, notamment en ce qui concerne la création d’une entreprise, les permis de construction, d’obtenir des crédits, de payer des taxes ou de faire respecter les contrats conclus.
L’Italie reste un pays qui a besoin d’un grand nombre de réformes structurelles. Elle est trop grande pour être sauvé (to-big-to-fail) et doit donc se sauver elle-même.
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Article du 1er avril 2018. Ajouté à 17:58 heure de Paris.
Matteo Salvini en 2013. Photo Wikipedia / public domain.