L’histoire de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich (Tonhalle Orchester) commence avec sa fondation en 1868. Il est donc l’orchestre symphonique le plus ancien de la Suisse. Sans bonne acoustique, pas d’orchestre de renom! La Tonhalle elle-même, la salle avec une des meilleures acoustiques au monde et une capacité de quelques 1455 spectateurs, date pourtant que de 1895. Elle est l’œuvre du fameux bureau des architectes viennois Fellner & Helmer. L’inauguration eut lieu le 19 octobre 1895. Le compositeur, pianiste et chef d’orchestre Johannes Brahms (*1833-1897†) dirigea son Triumphlied op. 55. En deuxième partie, l’orchestre joua la Neuvième symphonie de Beethoven, dirigé par Friedrich Hegar.
En 1867, Zurich fut une ville de quelques 20,000 habitants, mais sans salle de concert pour un large public. Cette année, les organisateurs du Festival de la musique suisse (Schweizerisches Musikfestival) ont eu l’idée de transformer le Kornhaus – une halle désaffectée – en une salle de concert et de fonder la Société de la Tonhalle (Tonhallegesellschaft). C’est dans ce contexte que l’Orchestre de la Tonhalle a été fondé en 1868. L’histoire commence avec 33 musiciens. Aujourd’hui, l’orchestre compte 101 musiciens.
L’Ancienne Tonhalle (Alte Tonhalle) a donc été le Kornhaus élargit. Elle a servit de salle de concert de 1867 jusqu’à l’ouverture de la Nouvelle Tonhalle (Neue Tonhalle) en 1895 et a été détruite en 1896. Le Kongresshaus a été construit de 1937 à 1939 dans le contexte de l’Exposition nationale de 1939. Ce bâtiment de congrès et de concerts inclut et englobe totalement la Tonhalle. La salle de concert de Fellner & Helmer, avec son acoustique excellente, est dont resté intacte à l’intérieur, mais son architecture extérieure a été totalement détruite.
Le premier chef de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich a été le Bâlois Friedrich Hegar (*1841-1927†), un compositeur, violoniste, chef d’orchestre. Il est le fils du professeur de musique et marchand d’instruments de musique de Darmstadt, Ernst Friedrich Hegar. Le fils Friedrich Hegar a occupé le poste à la tête de la Tonhalle de sa fondation jusqu’en 1906. Il venait de la fameuse Allgemeine Musikgesellschaft (AMG), fondé en 1812, qu’il avait dirigé à parti de 1865 après Richard Wagner, qui en a été chef d’orchestre invité permanent (ständiger Gastdirigent) depuis 1850. A côté, il a dirigé le Chœur mixte de Zurich, l’Ecole musicale de Zurich, le Conservateur ainsi que d’autres institutions musicales. En outre, il a réformé les chorales d’hommes. Friedrich Hegar a créé le renommé initiale de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich.
De 1865 à 1895, Johannes Brahms a été un visiteur régulier à Zurich où il a donné de nombreux concerts en tant que pianiste et chef d’orchestre. Nombreux sont ses contacts amicaux avec des musiciens zurichois. A côté de Johannes Brahms et Richard Wagner, Edvard Grieg et Franz Liszt ont été parmi les grands compositeurs et chefs d’orchestre qui ont dirigé à Zurich au 19ième siècle. Au 20ième siècle, on compte Richard Strauss, Paul Hindemith, Ernest Ansermet, Wilhelm Furtwängler, Otto Klemperer, Mariss Jansons et bien d’autres parmi les chefs invités de manière régulière.
Après Friedrich Hegar, les chefs d’orchestre suivants à la tête de la Tonhalle ont été: le Bernois Volkmar Andreae (*1879-1962†; à la tête de la Tonhalle: 1906-49); le compositeur de Balsthal Erich Schmid (*1907-2000†; 1949-57); l’Autrichien Hans Rosbaud (*1895 à Graz – †1962 à Lugano; 1957-62); Schmid et Rosbau ont introduit la Nouvelle Musique (Neue Musik) à la Tonhalle; l’Allemand Rudolf Kempe (*1910 à Dresde, †1976 à Zurich; 1965-72) a mis l’accent sur la musique romantique allemande; l’Allemand Gerd Albrecht (*1935 à Essen, †2014 à Berlin; 1975-80) a été très (trop?) amitieux avec ses programmes à Zurich, ce qui a créé quelques conflits; l’Allemand Christoph Eschenbach (*1940 à Breslau); le Japonais Hiroshi Waksugi (*1935 à New York, †2009 à Tokyo; 1987-91). De 1991 à 1995, l’orchestre a vécu sans chef, avec Claus Peter Flor (*1953 à Leipzig) comme chef d’orchestre invité permanent (ständiger Gastdirigent).
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Le chef d’orchestre David Zinman. Photo copyright: Tom Haller / Tonhalle Orchester, Zürich.
De 1995 à 2014 est venu l’âge d’or de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich sous la direction de David Zinman. Né le 10 juillet 1936 à New York City, il grandit dans le Bronx. Ses parents américains avec des racines en Russie et Pologne lui donnent une violine lorsqu’il est jeune. Il étudie la violine au Oberlin College dans l’Ohio ainsi que la théorie de la musique et de la composition à l’Université du Minnesota, où il obtient un M.A. en 1963.
Son moment de chance vient dans les classes d’été de Tanglwood en 1958. Il est un de huit élèves dans une classe de composition dirigée par Eleazar de Carvalhao, un disciple brésilien de Sergei Koussevitzky. Dans sa classe se trouvent deux surdoués, Claudio Abbado et Zubin Mehta, qui remportent le premier et le deuxième prix de la classe pour jeunes chefs d’orchestre. Malgré le fait de ne pas avoir terminé sur les premières places, Tanglewood signifie le début de la carrière professionnelle pour David Zinman. L’orchestre de résidence à Tanglewood est le Boston Symphony Orchestra (BSO), qui a autrefois été guidé par Koussevitzky. David Zinman vient en contact avec Pierre Monteux, l’orchestre en chef du BSO, qui lui fait confiance et l’engage comme assistant.
David Zinman souligne l’impact de Pierre Monteux, de qui il a pris la tendance vers une sonorité claire, le respect de la partition originale, la précision rythmique ainsi que la transparence orchestrale.
David Zinman travaille avec Pierre Monteux de 1958 jusqu’à la mort du grand chef en 1964. De 1965 à 1977, David Zinman dirige le Nederlands Kamerorkest, fondé en 1955, puis de 1974 à 1985 le Rochester Philharmonic Orchestra, de 1979 à 1982 le Rotterdams Philharmonisch Orkest, de 1985 à 1998 le Baltimore Symphony Orchestra. De 1998 à 2010, il est le directeur musical du Aspen Music Festival.
David Zinman dirige des orchestres à de multiples reprises en Suisse, à Berne, Bâle et Zurich, où il fait sa première apparition en 1983, avant d’être nommé chef d’orchestre à la Tonhalle. C’est du violoniste Isaac Stern qu’il entend pour la première fois que Zurich est à la recherche d’un nouveau chef. A travers le chef de la Société de la Tonhalle de l’époque, il est invité à faire un essai avec l’orchestre, ce qui résulte dans sans engagement qui commence en 1995 et finit en 2014.
A Zurich, David Zinman se dédit surtout aux symphonies de Ludwig van Beethoven, Gustav Mahler, Johannes Brahms, Richard Strauss, Robert Schumann et Franz Schubert. La plupart des enregistrements vaut toujours la peine d’être écoutée.
Je me rappelle vaguement des concerts avec l’orchestre dans les années 1980 et du début des années 1990. Zurich ne valait pas le détour. Très vite après 1995, des nouvelles – surtout dans le journal le plus important (NZZ) – parlaient d’une ascension fulgurante de l’orchestre. D’abord, je le prenais comme du patriotisme local puis, autour de l’an 2000, j’ai écouté l’orchestre dans la Tonhalle, et j’ai été enthousiasmé.
Le succès internationale vient avec Beethoven. Le label Arte Nova (BMG, puis Sony) est à la recherche d’un orchestra prêt à enregistrer l’intégrale des symphonies de Beethoven. Le coffret à bas prix bat tous les records: plus d’un million de coffrets vendus en moins de 5 ans! L’enregistrement gagne le prix de la critique allemande (Preis der Deutschen Schallplattenkritik 1999; commandez ce coffret d’un Beethoven épuré chez Amazon.de, Amazon.com; nous recevons une commission; vous devez accepter les « cookies » pour accéder directement au coffret).
L’enregistrement des symphonies de Beethoven se base sur l’édition critique de Beethoven par Jonathan Del Mar qui, à l’époque, n’était pas encore publié (plus tard publié chez Bärenreiter). David Zinman respecte les tempi de Beethoven, inclut des éléments de la historically informed performance (historische Aufführungspraxis en allemand). Déjà à la tête du Baltimore Symphony Orchestra, Zinman avait préconisé une nouvelle vue sur Beethoven.
David Zinman et l’orchestre zurichois travaillent régulièrement avec des grands interprètes tels que Yo-Yo Ma, Alfred Brendel, Yo-Yo Ma, Yefim Bronfman et Julia Fischer. L’Orchestre part en tournée avec des solistes tels que Hélène Grimaud, Yo-Yo Ma, Radu Lupu et bien d’autres. Une partie de ses collaborations a été gravée sur CD et d’autres formats. Ces enregistrement témoignent de la richesse du répertoire de l’orchestre. A la tête de la Tonhalle, David Zinman devient un des grands chefs de ce monde.
Après 19 ans, le 11 juillet 2014, David Zinman a donné son dernier concert comme chef devant son public zurichois. Un compositeur l’a accompagné du début à la fin: Ludwig van Beethoven. Avec une réédition du cycle de Beethoven, il a fini son ère de gloire. Mario João Pires, Christian Zacharias, Radu Lupu, András Schiff et Mitsuko Uchida étaient les solistes du Concerts pour piano de Beethoven en mai et juin 2014. Le seul regret, le plus grand pianiste de notre temps, Alfred Brendel, n’est plus actif depuis 2008. Toutefois, Brendel, un ami de longue date de Zinman, a fait une partie de sa tournée d’adieu en 2008 accompagné par le Tonhalle Orchester. En outre, Alfred Brendel a été présent lors de l’adieu de Zinman à Zurich le 11 juillet 2014.
Un autre point culminant de l’ère Zinman à la Tonhalle a été l’enregistrement intégrale des symphonies de Gustav Mahler (commandez ce coffret chez Amazon.fr, Amazon.de, Amazon.com). David Zinman a joué la Troisième symphonie de Mahler le 28 septembre 1995 lors de son début à Zurich et la Deuxième symphonie de Mahler lors de son concert d’adieu le 11 juillet 2014. Le choix de la symphonie de la “Résurrection” pour l’adieu a été un clin d’œil de Zinman à l’orchestre signalant que leur parcours ne finit pas avec la fin de son mandat. Avec le chef américain, la Deuxième symphonie de Mahler ne paraît ni surchargée, ni trop émotionnelle, mais épurée et transparente.
Quant à son bilan à Zurich, David Zinman a dit qu’il a travaillé les fondements: le rythme précis, l’intonation pure et la bonne collaboration des musiciens. Quant à la fonction du chef d’orchestre, il a mentionné qu’il s’agit de donner le tempo, la dynamique et des indications concernant les sentiments. Le travail sur deux décennies a porté ses fruits.
Le chef d’orchestre David Zinman. Photo copyright: Tom Haller / Tonhalle Orchester, Zürich.
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J’ai regardé mes notes du passé et j’ai trouvé plusieurs critiques de concerts de 2001 et 2002. Le 5 décembre 2002, l’Orchestre de la Tonhalle a joué sous la direction de David Zinman Carl Maria von Weber (L’Ouverture de l’opéra Euryanthe), Wolfgang Amadeus Mozart (Concerto no. 20 en ré mineur pour piano et orchestre KV466 avec Maria Joâo Pires au piano) et Antonín Dvořák (Symphonie no. 5 en fa majeur, op 76, B54). Pour Webern, j’ai noté un son d’une grande clarté, avec des violons extraordinaires. Chez Mozart, j’ai noté un son brillant et festif dans l’Allegro, en général une collaboration aveugle entre orchestre et pianiste; Maria Joâo Pires a longtemps enseigné à Zurich et avait visiblement beaucoup de fans et d’anciens élèves dans le public. Je n’ai noté rien de maniéré chez la pianiste, qui montrait un jeu touchant dans la Romanze. Le Rondo de l’orchestre était bien engagé, la pianiste restait naturelle jusqu’à la fin, fidèle à son propre charactère. La 5ème de Dvořák en deuxième partie offrait notamment une flûte envoûtante et un Allegro avec fougue. Zinman interprétait la romantique de Dvořák sans pesanteur. Bref, cette soirée était fabuleuse.
L’Orchestre de la Tonhalle de Zurich n’offrait non seulement sous la direction de David Zinman, mais également sous d’autres chefs de grandes performances. Le 25 juin 2002, l’orchestre a interprété la Symphonie no. 4 de Dmitri Chostakovich sous la direction de Guennadi Rojdestvenski. J’ai noté la précision des instruments à vent dans l’Allegro, un son direct en général, des instruments à cordes presque saillante dans le Presto, puis une marche funèbre sombre.
Le 12 décembre 2001, sous la direction de Gary Bertini, l’Orchestre de la Tonhalle a joué Igor Stravinsky (Scherzo fantastique op. 3), Béla Bartók (Concert pour piano no. 1 avec Krystian Zimerman au piano) et Dmitri Chostakovich (Symphonie no. 1). Stravinsky était amusant, puis bien équilibré et chaleureux, à la fin à nouveau amusant. Bartók était sombre au début, avec un Zimerman qui donnait quelques coups de marteau, sans pour autant exagérer. Dans l’Andante, l’ultime précision manquait. Comme chez Stravinski, Bartók n’offrait pas de bien-être dans cette composition, mais de l’angoisse, dans l’Andante d’une manière subtile qui ne laissait personne froid. La flûte traversière et le piano communiquaient à merveille. L’Allegro offrait de la couleur et un Zimerman bien au service de l’orchestre. Chez Chostakovich en deuxième partie, l’orchestre montrait un jeu de clarté, une musique pleine d’idées, de l’humour dans l’Allegretto, un hautbois élégiaque, de la profondeur émotionnelle, du désespoir. On sentait le drame en Union soviétique des années 1920. Un triomphe!
Bref, l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich sait également briller sans David Zinman, l’homme qui a donné de la confiance à un orchestre qui doutait au début puis s’améliorait de manière impressionnante.
Le jeune français Lionel Bringuier (*1986 à Nice) est le nouveau chef de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich à partir de la saison 2014/15 pour quatre ans. Il a déjà dirigé l’orchestre à de multiples reprises, notamment le 18 novembre 2012 avec un programme composé de la musique de Berlioz (Le Carneval romain), Ravel (Concert pour piano en sol majeur, avec la pianiste française Hélène Grimaud), Roussel (Troisième symphonie) et Ravel (La valse). Lionel Bringuier est également pianiste et violoncelliste. Avec son frère Nicolas au piano, il se produit régulièrement comme violoncelliste en duo. Depuis 2007, Lionel Bringuier est/a été chef assistant d’Esa-Pekka Salonen, puis de son successeur, Gustavo Dudamel, de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. De 2009 à 2012, il a été le directeur musical de l’Orquesta Sinfonica de Castilla y Leon.
Le concert inaugural de la saison 2014/15 et de son mandat à la tête de l’orchestre aura lieu le 10 septembre 2014 à la Tonhalle de Zurich. Espérons que Lionel Bringuier sera un successeur digne – pas une copie – de David Zinman.
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Un détail du plafond de la Tonhalle à Zurich. Photo copyright: Frederic Meyer / Tonhalle Orchester Zürich.
Julia Fischer et l’Orchestre de la Tonhalle sous la direction de David Zinman: Bruch & Dvorak. Commandez ce CD chez Amazon.fr, Amazon.de, Amazon.com.
Tonhalle Orchester, 2021. Photo copyright: Gaëtan Bally / Tonhalle Orchester Zürich.
Article du 6 août 2014 à 00:34 CEST. Ajouté à nos nouvelles pages WordPress le 6 novembre 2023 à 16:06 heure de Zurich.