L'homme fort en Italie
Depuis les élections générales italiennes du 4 mars 2018, le leader de Ligue – anciennement La Ligue du Nord, luttant pour l’indépendance de la Padanie) – , Matteo Salvini (*1973), est devenu l’homme fort en Italie.
Le 4 avril 2018, la Ligue n’a gagné que 17,4% du vote face au 32,2% du Mouvement 5 étoiles, mais Matteo Salvini est un homme politique experimenté et rusé. Face au quasi-novice Luigi Di Maio (*1986), le chef du Mouvement 5 étoiles, il a eu jeu facile. Di Maio est relativement inexperimenté, pâle et moralement discrédité par des scandales qui touchent sa famille.
Aujourd’hui, le rapport de force s’est inversé. Les sondages créditent La Ligue avec 33% d’intentions de vote contre seulement 26% pour le Mouvement 5 étoiles.
Dans le gouvernement actuel, composé essentiellement de membres de La Ligue et du Mouvement 5 étoiles, Matteo Salvini a choisi le ministère de l’Intérieur qui correspond aux attentes de son électorat partiellement xénophobe qui demande la fin de la vague d’immigration qui atteint l’Italie.
Luigi di Maio par contre a choisi le ministère du Développement économique, du Travail et des Politiques sociales. Etant donné que l’économie de l’Italie ne va pas fort et que le taux de chômage se situe de 10,5%, ses chances de réussite sont limitées. La Ligue de Matteo Salvini veut une « flat tax » tandis que le Mouvement 5 étoiles demande notamment un revenu minimal. Il est évidemment impossible de baisser les impôts tout en augementant les dépenses de l’Etat, surtout lorsque la dette publique dépasse les 130% du PIB.
Pour le moment, le discours et les actions anti-migration de Matteo Salvini plaisent plus aux Italiens que les promesses sociales de Luigi di Maio. Les deux populistes se livrent un concours de démagogie. Bien qu’ils co-dirigent un pays, ils aiment les postures contestataires : contre les élites (les 2), contre les immigrés (Salvini), contre Bruxelles (les 2), contre les capitalistes et les libéraux (les 2). Et ils sont unis dans leur soutien pour les « gilets jaunes » en France.
Le langage cru de Matteo Salvini – tout en souriant – plaît beaucoup : le ministre de l’Intérieur a 3,4 millions de followers sur Facebook, plus que n’importe quel autre homme politique en Europe !
Mais ni Salvini ni Di Maio ont un plan crédible pour réformer l’Italie. Pour le moment, le discours populiste prend encore. Un moment donné, il faudra des résultats.
Matteo Salvini en 2013. Photo Wikipedia / public domain.
Article ajouté le 25 janvier 2019 à 23:32 heure de Paris.