Anatomie d’une collection

Fév 01, 2017 at 00:02 768

L'exposition de mode au Palais Galliera, le musée de la Mode de la Ville de Paris

Le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, présente encore jusqu’au 12 février 2017 l’excellente exposition Anatomie d’une collection (Amazon.fr). Le directeur du Palais Galliera, Olivier Saillard et son équipe des conservateurs du musée de la Mode se posent la question : Qui porte quoi ? ou Quand le vêtement se raconte à travers celui qui le porte.

Ils ont trouvé parmi les quelques 70,000 vêtements et accessoires des pièces extraordinaires à exposer, dont ils racontent l’histoire. Les robes du soir, les costumes de cérémonies griffés des plus grands couturiers français côtoient une blouse d’infirmière, un tablier de laveuse et d’autres vêtements professionnels de personnes restées anonymes.

L’exposition a été divisée en deux périodes (14 mai – 23 octobre 2016 puis 3 novembre 2016 – 12 février 2017), ce qui a pour conséquence que les pièces exposées en 2ème partie ne se trouvent pas toutes dans le catalogue avec les photos d’Eric Poitevin.

Dans l’exposition et dans le catalogue se trouve le corset de la reine Marie-Antoinette en taffetas de soie, passementerie de soie et busc en bois (vers 1785 ; la reine fut exécuté en 1793 sur la place de la Révolution, actuelle place de la Concorde). La note du catalogue explique : < Le corset est la version assouplie du grand corps qui, avec la jupe sur grand panier et la traîne ou queue de jupe, constitue le grand habit, cet ensemble féminin arboré dans les circonstances importantes de la vie de cour. Le corset se porte lorsque les problèmes de santé interdisent la rigidité du grand corps ou pour des occasions non officielles. Le corset de Marie-Antoinette (1755-1793) fut conservé telle une relique précieuse entre les pages du livre de comptes de Mme Eloffe, marchande de modes versaillaise de la reine ; il fut probablement confié à cette dernière, selon l’usage, pour des essais d’ornementation, ce qu’attesteraient les traces de piqûres d’épingles visibles sur le devant. >

Logeant à l’hôtel Shangri-La de Paris, l’ancienne demeure du Prince Roland Bonaparte, explorateur, géographe, botaniste et petit-neveu de Napoléon Ier, situé seulement 300 mètres du musée Palais Galliera, j’étais évidement attentive au pièces exposées de la famille Napoléon.

Dans l’exposition et dans le catalogue, on trouve la blouse normande du Prince impérial, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879 ; vers 1860-61) en taffetas de soie, broderies au point de Beauvais en fils de coton, glands de soie frisée brodés de perles de rocaille en verre. On y trouve également le manteau de ville du Prince impérial, Louis-Napoléon Bonaparte (vers 1860), en velours de soie, ganses de tresses de soie, doublure en pongé de soie.

La mère, l’impératrice Joséphine est également présente avec sa robe parée (vers 1805) en mousseline de coton (blanc), broderies au passé et au point de nœud. Deux fois par an, l’impératrice passait en revue ses robes, bonnets et chapeaux et les distribuait ensuite en lots tirés au sort entre les dames de son entourage. Selon la note de catalogue : < C’est probablement grâce à cette pratique que [cette] robe fut conservée jusqu’à nos jours. Cette tenue était d’autant plus précieuse qu’elle avait été coupée dans un tissu prohibé fort à la mode, la mousseline de coton – laquelle était d’ordinaire importée d’Inde par les Anglais, éternels ennemis de Napoléon. Joséphine (1763-1814), en femme coquette, osait braver les interdits de son époux et se fournissait en étoffes de contrebande – allant jusqu’à mentir à l’empereur, lui affirmant qu’il s’agissait de tissus français : batiste ou linon… Amateur de robes blanches, le souverain acceptait bien souvent la supercherie mais, certaines fois, de colère, “ses doigts partageaient en deux la robe étrangère” > (selon les mémoires de la reine Hortense de Beauharnais).

La façade du Palais Galliera (clic droit pour une image plus large). Photo copyright © Di Messina / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.

Quant à Napoléon lui-même, il se trouve évidemment également représenté dans l’exposition et le catalogue avec son habit de membre de l’Institut d’Egypte (vers 1798) en velours de soie, broderies de fils de soie, doublures en satin de soie. Ce vêtement du général Bonaparte date de sa période de héros glorieux des armées révolutionnaires.

La liste des objets notables de l’exposition Anatomie d’une collection est presque interminable. Il n’y a rien qui soit dénué d’intérêt. Allez voir cette présentation fabuleuse de vêtements, chapeaux et autre objets de mode qui se termine déjà le 12 février 2017 ! Vous y découvrirez également des pièces non représentées dans le catalogue, tels les onze chapeaux d’Audrey Hepburn créés par Hubert de Givenchy pour elle, le manteau < Phoebus > d’Elsa Schiaparelli de la collection d’hiver 1947/48, porté par la styliste elle-même ainsi que des tenues de Sonia Rykiel, la grande couturière et designer décédée le 25 août 2016.

Le catalogue de l’exposition: Anatomie d’une collection. Paris Musées, 2016, 220 pages avec 97 photos par Eric Poitevin. Commandez ce livre chez Amazon.fr.

La couverture du livre présente le Chapeau-chaussure de Gala Dalí par Schiaparelli, en collaboration avec Salvador Dalí.

Article du 1er février 2017. Ajouté à 00:02 heure de Paris