«Angkor», capitale du royaume khmer pendant plus de six siècles (IXe-XIVe/XVe siècle), fascine jusqu’au aujourd’hui. En 1997, j’avais la chance de voir l’exposition Angkor et dix siècles d’art khmer aux Galeries nationales du Grand Palais qui présentait 160 chefs-d’œuvre de la statuaire de l’ancien Cambodge du VIe au XVIIIe siècle. Acceptez les cookies – nous recevons une commission, prix identique – et commandez le catalogue chez Amazon.fr.
Du 16 octobre 2013 au 13 janvier 2014, le Musée Guimet à Paris a montré l’exposition Angkor: Naissance d’un mythe – Louis Delaporte et le Cambodge qui avait réuni quelques 250 objects: sculptures khmères en pierre, photographies, peintures, documents graphiques, dessins, aquarelles ainsi que des moulages en plâtre réalisés pour Louis Delaporte (1842-1925) et ses collaborateurs. Acceptez les cookies – nous recevons une commission, prix identique – et commandez le catalogue chez Amazon.fr.
Depuis le 30 avril et encore jusqu’au 8 septembre 2025, en partenariat scientifique avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France et l’École française d’Extrême-Orient, le musée Guimet montre l’exposition Bronzes royaux d’Angkor, un art divin. Catalogue par in Fine éditions d’art, mai 2025, 304 pages, 22.6 x 28.8 cm, 1, 64 kg. Commandez ce catalogue (acceptez les cookies – nous recevons une commission, prix identique) chez Amazon.fr.
L’architecture des temples de l’Empire khmer (9e -14e/15e siècles) et les statues de pierre qui y étaient abritées ont maintes fois été célébrées, notamment en 1997. Peu connu est le fait que ces sanctuaires hindous, bouddhiques et brahmaniques conservaient jadis toute une population de divinités et d’objets de culte fondus en métal précieux (or, argent, bronze doré) et possédaient de multiples accessoires du rituel quotidien et autres décors, eux aussi en métal, dont malheureusement de trop rares exemples ont subsisté.
Les inscriptions sanskrites et khmères rédigées sur les stèles et parois des temples révèlent des choses. Une stèle de Preah Khan (1192/1193) dit: «Le total des divinités en or, en argent, en bronze, en pierre, y compris Yama et Kala, réparties dans toutes les provinces, s’élève à 20 400.»
Lors de l’exposition sur l’art angkorien au Grand Palais en 1997, le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) avait alors étudié les 75 bronzes des collections cambodgiennes et françaises présentés. Cette première analyse de la métallurgie du cuivre angkorienne a conduit le C2RMF à accompagner une autre institution dans ses recherches. Aux côtés de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), dans le cadre du programme LANGAU démarré en 2016, ce sont près de 400 bronzes khmers qui ont été examinés et analysés jusqu’à l’exposition actuelle au musée Guimet.
Ce n’est qu’après la découverte en 2012 d’une fonderie royale à Angkor – la première identifiée au Cambodge et en Asie du Sud-Est –, que les travaux de terrain sont venus compléter les examens et analyses des seuls produits finis et que des investigations archéométallurgiques inscrites dans ce qu’il convient d’appeler une approche technologique ont été conduites sur le sol cambodgien
Produit de la collaboration entre le Musée national du Cambodge, le musée national des arts asiatiques – Guimet, le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et l’École française d’Extrême-Orient (EFEO), le catalogue Bronzes royaux d’Angkor, un art divin incarne des années de recherche scientifique, d’efforts de conservation et d’échanges muséologiques, visant à approfondir notre compréhension de la métallurgie et de l’art du bronze du Cambodge, comme de l’iconographie khmère.
La liste des prêteurs privés et publics de l’exposition est longue. Cependant, 126 des plus de 200 œuvres proviennent du Musée national du Cambodge, avec le plein soutien du ministère de la Culture et des Beaux-Arts du royaume du Cambodge. Ainsi, l’exposition permet de dresser un parcours chronologique de l’art du bronze au Cambodge, du 9e siècle à nos jours.
Bronzes royaux d’Angkor, un art divin bénéficie du précieux soutien de l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine (ALIPH). Au cœur de l’exposition se trouve la statue du Vishnou couché du Mébon occidental – un sanctuaire du 11e siècle à l’ouest d’Angkor – retrouvée en 1936, qui mesurait à l’origine plus de cinq mètres de longueur. Ce trésor national du Cambodge, un bronze particulièrement emblématique de l’excellence de l’art du bronze angkorien, est exposé pour la première fois avec ses fragments longtemps séparés, après avoir bénéficié en 2024 d’une campagne d’analyses scientifiques et de restauration en France, avec le mécénat d’ALIPH.
Cette étude de la statue du Vishnou couché du Mébon occidental, menée parallèlement à des enquêtes plus larges sur la métallurgie khmère, a fourni des informations précieuses sur les dimensions technologiques, artistiques et religieuses du travail du bronze angkorien.
Produit de la fusion dans un creuset du cuivre mêlé à de l’étain ou encore à du plomb, ce noble alliage a donné naissance à des chefs-d’œuvre témoignant de l’attachement des souverains khmers à l’hindouisme comme au bouddhisme. Car le travail du métal est l’apanage des dieux mais aussi des rois. La métallurgie était une technique sacrée. Les ateliers de métallurgie se trouvaient donc à proximité du Palais royal, que l’on soit à Angkor (9e – 14e/15e siècles), à Oudong (17e – 19e siècles) ou à Phnom Penh (19e – 20e siècles).
L’exposition et le catalogue examinent pour la première fois le rôle particulier du souverain, commanditaire des grandes fontes d’objets de bronze, de l’époque angkorienne à la période moderne, où, dans une continuité étonnante, art et pouvoir sont restés associés dans ce domaine plus que dans tout autre.
Le catalogue scientifique contient une introduction et 19 essais rédigés par des spécialistes, entre autres au sujet de l’âge du bronze à l’époque préangkorienne: aux sources du cuivre; les origines protohistoriques de la métallurgie du cuivre; les premiers bronzes bouddhiques et hindous; Phnom Bayang : la colline de Shiva et les richesses du dieu. Le chapitre suivant contient des essais au sujet des métaux dans les sources épigraphiques khmères; la fonderie royale d’Angkor; cuivre, bronze et autres alliages dans le Cambodge angkorien. Le troisième chapitre examine la statuaire de bronze dans l’art khmer: prolégomènes; brahmanes et hindouisme dans le Cambodge ancien; la prospérité cambodgienne du Bouddha sur le naga; ustensiles de culte et biens de prestige; cuivres et bronzes ornementaux. Le quatrième chapitre s’intitule Nouveaux mondes, nouveaux lieux, nouvelle foi. Il contient des essais au sujet du mythe «angkoréen» des rois khmers (XIIIe-XXe siècle) ou l’indianisation permanente; le samrit et le Cambodge du début de l’ère moderne; artisans du palais aux ateliers contemporains. Le dernier chapitre est dédié au Vishnou du Mebon occidental: la statue et le temple-îlot: récit ancien et données nouvelles; un mythe de création réactualisé au XIe siècle; un tour de force technique; préservation et restauration d’un chef-d’œuvre de l’art khmer.
Le catalogue est richement illustré, avant tout de reproductions de tous les objets exposés: Bronzes royaux d’Angkor, un art divin, in Fine éditions d’art, mai 2025, 304 pages, 22.6 x 28.8 cm, 1, 64 kg. Commandez ce catalogue (acceptez les cookies – nous recevons une commission, prix identique) chez Amazon.fr.
Pour faciliter la lecture, les citations et citations partielles tirées du catalogue Bronzes royaux d’Angkor, un art divin ne se trouvent pas entre guillemets.
Critique de catalogue et d’exposition Bronzes royaux d’Angkor, un art divin ajouté le 27 mai 2025 à 14h10, Paris.