Joan Miró – Les couleurs de la poésie

Août 19, 2010 at 11:51 834

Né le 20 avril 1893 à Barcelone et mort le 25 décembre 1983 à Cala Major à Majorque, Joan Miró Ferrà reste un des artistes les plus présents dans les musées comme dans la vie quotidienne (jusque sur nos t-shirts).

Il s’en est fallu de peu pourtant pour que tout se déroule autrement! Miró aurait pu ne pas devenir artiste car son père, orfèvre et horloger. l’a envoyé d’abord travailler dans une entreprise de quincaillerie et de produits chimiques. Ce destin d’employé aux écritures ne lui convenait cependant vraiment pas. Mais ce n’est qu’après une déprime et la contraction de la fièvre typhoïde que les parents e Joan finissent par accepter son choix de ne se consacrer qu’à l’art. De 1912 à 1915, il étudie ainsi à l’Escola d’art de Francesc Galí, une institution dédiée à tous les arts (peinture, musique et poésie) et où sont développées les idées de l’avant-garde européenne.

Du 2 juillet au 14 novembre 2010, le Musée Frieder Burda à Baden-Baden en Allemagne organise une grande rétrospective avec 96 oeuvres du peintre, dessinateur, sculpteur et céramiste Joan Miró. Le catalogue édité par la Fondation Frieder Burda vient essentiellement de la plume de Jean-Louis Prat, qui est également le commissaire de l’exposition. C’est déjà sa troisième collaboration avec Frieder Burda.

Le résultat est une exposition qui montre des travaux qui s’étalent sur six décennies de la vie de Joan Miró. Certaines oeuvres viennent directement de la famille de l’artiste et n’ont jamais voyagé auparavant. Mont-roig, l’église et le village (1919) a été accroché dans la salle à manger des parents de Punyet Miró, le petit-fils de Joan. D’autres oeuvres viennent des fondations Miró à Barcelone et à Palma de Majorque ainsi que de musées, galeries et collections privées en Allemagne, en Suisse et aux Etats-Unis.

Frieder Burda possède depuis le milieux des années 1990 deux grandes sculptures de Miró, Femme, Monument (1970) et Femme (1981-1983), qui font évidemment également partie de la rétrospective. Depuis l’ouverture en 2004 du musée avec sa lumière naturelle conçu par l’architecte Richard Meier, ces deux sculptures de Miró accueillent les visiteurs à l’entrée.

L’exposition à Baden-Baden ne suit pas la chronologie, mais commence avec les grands formats des années 1960, puis met l’accent sur des périodes importantes, notamment les années 1920 et la rencontre de l’artiste catalan avec les Surréalistes.

Au début des années 1920, Joan Miró dépasse la figuration et développe son style propre, facilement reconnaissable, ce qui le rend populaire jusqu’à aujourd’hui. Les Surréalistes le reconnaissent comme l’un des leurs, sans que Miró pour autant ne se laisse accaparer par ce mouvement.

Pour le reste de sa vie, Mirò reste entre abstraction et figuration (ni abstrait ni figuratif) en utilisant son propre langage poétique et en employant généralement une palette de couleurs fortes qui a inspiré d’autres artistes tels qu’Alexander Calder. De la Calder Foundation à New York justement proviennent deux oeuvres dans l’exposition: Femmes et oiseau dans la nuit de 1947 et Personnage au 3 cheveux, oiseaux, constellations de 1976. Miró combine une apparente innocence et simplicité – mais bien recherchée – avec une sensibilité rare (qui le lie à Paul Klee). En même temps, Miró était un homme sérieux et renfermé sur lui-même.

En 1937, Joan Miró a participé au pavillon espagnol de l’Exposition universelle à Paris, construit par l’architecte Josep Lluís Sert (1902-1983). Sert a plus tard construit l’atelier de Miró à Majorque, son musée à Barcelone ainsi que la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence (de 1959 à 1964). La Fondation Maeght, à elle seule, possède plus de 10’000 oeuvres – y inclus des gravures et lithographies – d’artistes importants, dont quelques 150 travaux de Miró. C’était le premier musée privé d’art contemporain en France, situé dans un village de Provence, construit sans subventions de l’Etat. Les artistes soutenaient Aimé Maeght, un marchand d’art honnête.

Miró. Les couleurs de la Poésie. Ed. par la Fondation / Stiftung Frieder Burda. Textes par Jean-Louis Prat. Hatje Cantz, 2010, 224 p. et 146 photos. Commandez ce livre / catalogue chez Amazon.fr ou Amazon.de. Commandez la version allemande / deutsche Ausgabe Joan Miró. Die Farben der Poesie chez Amazon.de. – Pour toutes sortes de livres au sujet de Miro: Livres de Joan Miró chez Amazon.fr.

Le commissaire de l’exposition Miró. Les couleurs de la Poésie Jean-Louis Prat. Photo copyright Museum Frieder Burda.

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Miró Paintings III: 1942-1955. Commandez le catalogue raisonné des peintures de 1942 à 1955 par Jacques Dupin et Ariane Lelong-Mainaud chez Amazon.fr ou Amazon.com.

Miró Paintings VI: 1976-1981. Commandez le catalogue raisonné des peintures de 1976 à 1981 par Jacques Dupin chez Amazon.fr ou Amazon.com.

Miró Drawings I: 1901-1937. Commandez le catalogue raisonné des dessins de Miró de 1901 à 1937 par Jacques Dupin et Ariane Lelong-Mainaud Amazon.fr ou Amazon.com.

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Le commissaire de l’exposition Miró. Les couleurs de la Poésie à la Stiftung Frieder Burda à Baden-Baden, Jean-Louis Prat, est un connaisseur intime de l’oeuvre de l’artiste catalan. En tant que directeur artistique de la Fondation Maeght de 1969 à 2005, il a connu personnellement Miró dont il fut même un ami. Prat fréquentait l’atelier de Miró et organisait des expositions pour lui lors du vivant de l’artiste. A partir de 1948, Aimé Maeght fut le représentant de Joan Miró en Europe. Jean-Louis Prat respire comme Sert et Maeght cette honnêteté, le respect de l’artiste et de son oeuvre ce qui lui ouvre bien des portes.

Jean-Louis Prat est un homme de l’Auvergne qui avait rencontré le couple Aimé et Marguerite Maeght en 1969. A l’époque, il travaillait comme commissaire-priseur chez Maurice Rheims à Paris lorsque Aimé Maeght lui proposa de devenir le directeur artistique de son musée crée pour surmonter la douleur de la mort de son fils cadet Bernard, décédé en 1953.

Pour revenir à 1937, Miró exposa au pavillon des Républicains anti-Francistes la peinture Le Faucheur. Exposé dans l’escalier du pavillon et peu remarqué par le public, cette toile aujourd’hui disparue représentait un paysan catalan en révolte, reconnaissable à sa barretina rouge, comme l’explique Jean-Louis Prat dans le catalogue. D’autres artistes exposant dans le pavillon espagnol étaient Picasso (avec Guernica) et Calder (avec la Fontaine de Mercure). Dans l’exposition à Baden-Baden, le Miró “politique” est présent avec le triptyque L’Espoir du condamné à mort I-II-III de 1974, provenant de la Fundació Miró de Barcelone. Miró n’était pas un homme politiquement très engagé en public. Mais dégouté de l’arrivée du fascisme en Europe, il voulait en finir avec “certains codes du bon goût” (Prat) et “assassiner la peinture”, comme il disait lui-même.

Joan Miró est resté curieux jusqu’à la fin sa vie, prêt à la découverte artistique. En 1961, il créa ses premiers triptyques monochromes. En 1967 il apprit la gravure au carborundum, une nouvelle technique inventée par Henri Goetz. A partir de 1970, il se concentra de plus en plus sur des oeuvres publiques et monumentales. En 1973, il exécuta une série de toiles brûlées et lacérées. En 1974, il peigna sur des croûtes achetées au marché aux puces ou chez les brocanteurs. En 1977, il réalisa deux rideaux et des marionnettes géantes pour le spectacle Mori el Merma. A partir de 1979, Joan Miró, affaibli, ne descendit plus dans son atelier mais continua à dessiner dans une petite pièce près de sa chambre. Il meurt le 25 décembre 1983 à Cala Major à Majorque.

Le catalogue de l’exposition Miró. Les couleurs de la Poésie offre notamment une biographie de l’artiste d’une cinquantaine de pages écrite par Caroline Edde et Jean-Louis Prat. Les 96 oeuvres reproduites dans le catalogue illustrent bien le parcours de l’artiste. Selon Jean-Louis Prat, “Joan Miró nous montre ce que nous ne sommes pas en mesure de voir, ce que nous n’entendons pas, ce que nous ne ressentons plus. Il découvre, il observe, il relate, sans jamais s’écarter d’une analyse profonde et rigoureuse. A la manière d’un ethnologue ou d’un astronome, il relève les réalités invisibles du monde, toujours à l’écoute de l’univers.”

Miró. Les couleurs de la Poésie. Ed. par la Fondation / Stiftung Frieder Burda. Textes par Jean-Louis Prat. Hatje Cantz, 2010, 224 p. et 146 photos. Commandez ce livre chez Amazon.fr ou Amazon.de. Die deutsche Ausgabe Joan Miró. Die Farben der Poesiebestellen bei Amazon.de. – Commandez d’autres livres au sujet de Miro: Livres de Joan Miró chez Amazon.fr.

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