Le gouvernement Draghi en Italie

Fév 14, 2021 at 23:13 1417

Le 13 février 2021, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi (*1947), a formé un nouveau gouvernement en Italie qu’il préside en tant que premier ministre. Draghi est un indépendant qui a le soutien de tous les partis importants,  à l’exception des post-fascistes des Frères d’Italie (Giorgia Meloni) : Mouvement 5 étoiles (Luigi Di Maio), Ligue (Matteo Salvini), Parti démocrate (Nicola Zingaretti), Forza Italia (Silvio Berlusconi), Italia Viva (Matteo Renzi), Libres et égaux (Pietro Grasso),

Ensemble, ces partis du gouvernement Draghi représentent 545 députés sur 630, soit 86,5 % des sièges de la Chambre des députés, ainsi que 266 sénateurs sur 321, soit 82,9 % des sièges du Sénat de la République.

Dans son ancien rôle de chef de la BCE, Mario Draghi a  » sauvé  » l’euro ainsi que l’Italie de la banqueroute. Mais au prix fort :  » whatever it takes  » voulait dire que la BCE a franchi des lignes rouges. Ainsi les intérêts des Etats, entreprises et individus sont ridiculement bas et ne représentent plus les risques qui se cachent derrière. La liste des  » pêchés  » de Mario Draghi à la tête de la BCE est longue et inclut Outright Monetary Transactions (OMT). A la longue, le prix à payer sera lourd.

Avec sa politique de la monnaie facile, Mario Draghi a permis aux pays en difficulté de gagner du temps. Certains comme l’Italie et la France n’ont pas utilisé ce temps pour se réformer en profondeur et ont continué à s’endetter. Ainsi, selon des estimations, la dette publique de l’Italie arrivera à 161% du PIB à la fin de 2021. Ce niveau d’endettement est seulement soutenable à des taux d’intérêts sur la dette publique ridiculement bas grâce à une politique de l’argent facile de la part de la BCE. L’Italie n’est pas la Grèce. Elle est  » too-big-to-fail  » et  » too-big-to-be-saved « .

Sur une note plus optimiste, notons que le nouveau premier ministre Mario Draghi est un Européen convaincu qui, notamment en tant que gouverneur de la Banque (centrale) d’Italie de 2005 à 2011, a demandé des réformes structurelles en Italie, notamment une réduction de la bureaucratie, une augmentation de l’âge de la retraite, une réduction de l’endettement, une consolidatation du secteur bancaire, etc,

Le gouvernement Draghi suit au gouvernement Conte II, dont la chute a été provoquée par le petit parti Italia Viva de l’ancien premier ministre Matteo Renzi qui, lui, maintient des ambitions fortes malgré une chute vertigineuse ne représentant plus qu’un petit nombre d’électeurs. Espérons que Draghi, contrairement à Renzi, arrivera à réformer l’Italie en profondeur. Le temps presse.

Le 13 février 2021, le nouveau premier ministre Mario Draghi a présenté son cabinet formé par 23 ministres, dont 8 femmes et 15 hommes. Il ne s’agit pas d’un gouvernement d’experts. De nombreux hommes et femmes politiques y ont trouvé place. Le populiste Luigi Di Maio du Mouvement 5 étoiles continue comme ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Elena Bonetti d’Italia Viva de Matteo Renzi reste ministre pour l’Egalité des chances et la Famille. Mara Carfagna de Forza Italia de Silvio Berlusconi entre au gouvernement comme ministre pour le Sud et la Cohésion territoriale. Notons que le Parti démocrate y envoie les poids lourds politiques Dario Franceschini comme ministre des Biens et Activités culturels et du Tourisme, Andrea Orlando comme ministre du Travail et des Politiques sociales ainsi que Lorenzo Guerini comme ministre de la Défense. En tout, Mario Draghi a confirmé sept ministres du précédent gouvernement Conte II. Il est important de souligner que l’homme fort de la Ligue, Matteo Salvini, qui se rêvait lui-même premier ministre il n’y a pas longtemps, n’entre pas au gouvernement.

Mario Draghi a confié huit ministères à des indépendants, dont des postes importants : l’ancien ministre de la Banque d’Italie, Daniele France, devient ministre de l’Economie et des Finances ; Luciana Lamborgese garde son poste de ministre de l’Intérieur ; Marta Cartabia, présidente de la Cour constitutionnelle, devient ministre de Justice dans un pays avec un grand problème de corruption ; le ministère de Transition écologique est une nouvelle création demandée par le Mouvement 5 étoiles. 37 % des 209 milliards d’euros concédés à l’Italie dans le cadre du plan de relance européen devront être consacrés aux questions environnementales. Ce ministère de la Transition écologique est donc stratégiquement et économiquement important. Sa gestion a été confié au physicien Roberto Cingolani. Il vient de la compagnie aéronautique Leonardo où il s’occupait de l’innovation technologique.

Il reste donc de l’espoir pour ce nouveau gouvernement Draghi.

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Dichiarazione del Prof Mario Draghi al termine del colloqui con il Presidente Sergio Mattarella al Quirinale. Foto di Francesco Ammendola – Ufficio per la Stampa e la Comunicazione della Presidenza della Repubblica. Photo copyright Presidenza della Repubblica, le 3 février 2021 : https://www.quirinale.it/elementi/52056 . Photo utilisée également par Wikipedia / Wikimedia Commons.

Article du 14 février 2021. Ajouté à 23:13 heure de Paris. Détails ajoutés le 15 février 2021 à 00:31.