Les douze piliers d’Israël

Sep 13, 2020 at 19:19 1368

Le livre de Georges Ayache Les douze piliers d’Israël raconte l’histoire d’un Etat fondé en 1948 – Israël – à travers des biographies fouillées de douze personnages clefs. L’auteur nous racconte que la vulgate marxiste du matérialisme historique conserve ses adeptes qui professent encore aujourd’hui que ce ne sont pas les individus, mais les masses en lutte qui font l’histoire. L’ironie veut que Ben Gourion, lui-même convaincu d’une prééminence des peuples sur les personnalités, fut paradoxalement un de ces douze «héros » sans lesquels Israël n’eût jamais vu le jour.

Georges Ayache souligne qu’Israël n’est pas un État comme les autres. A son avis, les raisons sont multiples : c’est la résurrection, inédite dans l’histoire, d’un État disparu deux millénaires auparavant ; c’est la vocation de cet Etat à être le refuge ultime d’un peuple juif persécuté durant les siècles de sa dispersion et de son exil ; Israël est le premier État moderne dont la naissance procède non de la force militaire ou de l’arbitraire politique, mais d’une volonté clairement exprimée par la communauté internationale [j’y ajouterait que la violence a joué une part dans sa naissance, notamment par des terroristes juifs tels que Menahem Begin, un hors-la-loi, comme l’auteur lui-même souligne] ; Israël est le seul Etat démocratique [j’y ajouterait le Liban, corrompu et au bord de la faillite] – cette démocratie fût-elle imparfaite – d’une région proche-orientale peu accoutumée aux règles de l’Etat de droit comme au respect des libertés fondamentales.

Les douze personnages inclut dans Les douze piliers d’Israël sont Theodor Herzl (1860-1904), le visionnaire ; Haïm Weizmann (1874-1952), l’initiateur ; David Ben Gourion (1886-1973), le fondateur ;  Vladimir Jabotinsky (1880-1940), le révisionniste ; Menahem Begin (1913-1992), le rebelle [moi : le terroriste devenu homme d’Etat ?] ; Golda Meir (1898-1978), la forteresse ; Moshe Dayan (1915-1981), la légende ; Abba Eban (1915-2002), le diplomate ; Yitzhak Rabin (1922-1995), le Juste ; Ariel Sharon (1928-2014), César d’Israël [moi : le bulldozer] ; Isser Harel (1912-2003), l’homme de l’ombre ; Shimon Peres (1923-2016), le survivant.

Georges Ayache écrit au sujet diliers maîtres d’Israël : ceux-ci surent s’imposer avec la foi parfois utopique des précurseurs, mais aussi la détermination implacable des pionniers bâtisseurs. Les uns rêveurs et romantiques, les autres réalistes, voire cyniques. Les uns mondains, les autres rugueux. Les uns diplomates, les autres soldats. Tous hommes et femme de guerre et de paix tout uniment.

Au sujet de Golda Meir, Georges Ayache mentionne par exemple que, plus tard, elle ne se rappellera pas de la pauvreté, du froid et de la faim de son enfance à Kiev en Ukraine, mais de la peur : celle du pogrom. Septuagénaire au moment où elle exerça le pouvoir, Golda Meir aurait pu laisser l’image d’une « grand-mère d’Israël» amène et bienveillante. Ce ne fut point le cas. Elle n’avait pas le bagage intellectuel d’autres leaders sionistes. Son hébreu n’était pas très châtié et elle ne serait jamais à l’aise avec la philosophie juive ou avec le Talmud. Toutefois, cette oratrice redoutable, poids lourd de la politique, était dotée d’une détermination et d’une rigueur hors normes témoignant de sa dévotion sans bornes pour Israël. Selon notre auteur, sacrifiant sa vie privée à l’action publique, elle fut une forteresse, rugueuse et inexpugnable.

Ce ne sont que quelques détails au sujet d’un livre qui présente douze biographies extraordinaires qui ne laissent personne indifférent.

Georges Ayache Les douze piliers d’Israël, Perrin, 2019, 429 pages. Commandez ce livre chez Amazon.fr, Amazon.com, Amazon.de.

Pour faciliter la lecture, les citations et citations partielles du livre présenté ne se trouvent pas entre guillemets.

Critique de livre ajouté le 13 septembre 2020 à 19:19 heure de Paris.