Macron et le libéralisme, Macron et les dictateurs

Avr 05, 2023 at 00:38 775

Le président français Emmanuel Macron a commencé son premier mandat comme un réformateur libéral. Au plus tard pendant la pandémie, il a perdu l’orientation et a partiellement abandonné le libéralisme.

Le confinement ne tue pas le virus, il tue uniquement l’économie. Emmanuel Macron a oublié le libéralisme et a (partiellement) fermé les frontières, ce qui n’arrête pas le virus, mais tue également l’économie, empêche le libre-échange dans l’Union européenne et les échanges au-delà, et casse les chaînes d’approvisionnement, une des raisons pour l’inflation actuelle.

En empêchant les échanges, en tuant l’économie, l’Etat français était forcé d’aider les secteurs de l’économie ainsi que les personnes les plus touchés et, de fait, a aidé des entreprises et individus au-delà de cette nécessité, ce qui a fait augmenter la dette publique de la France de 100% du PIB à la fin de 2019 à 111% en mars 2023.

Macron et les dictateurs

A plusieurs reprises, Emmanuel Macron a montré des « faiblesses » face aux voire pour les dictateurs.

En juin 2017, Macron ne faisait plus du départ de Bachar el-Assad un préalable à toute discussion en Syrie. En septembre 2017, le président français avait (à juste titre) estimé que son homologue syrien Bachar el-Assad était un « criminel ». Il avait également dit: « Bachar el-Assad n’est pas notre ennemi. C’est l’ennemi du peuple syrien ». Mais en décembre 2017, Macron estimait qu’il « faudra parler » avec Bachar al-Assad.

En avril 2018, une semaine après des attaques chimiques attribués au régime d’Assad, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont exécuté des frappes aériennes contre la Syrie. En août 2018, Macron disait que le maintien de Bachar al-Assad serait une « erreur funeste ». Mais, après son élection en 2017, Macron avait changé la politique de la France vers la Syrie. Il ne voulait plus en priorité la fin du régime d’Assad, mais plutôt l’élimination du groupe terroriste Daech. Le président français disait qu’une de ses priorités était la stabilité de la Syrie, car il ne voulait pas d’un Etat failli, c’est ce qu’il craignait si Assad était écarté du pouvoir par la force. Bref, son message face à un des pires dictateurs de notre temps était « mixed ». Mais il gardait une distance.

Par contre, le 7 décembre 2020, le président français avait reçu son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi à l’Élysée et lui avait remis la grand-croix de la Légion d’honneur, un geste qui n’a été imm ortalisé que par un caméraman de la délégation égyptienne. Cette décoration en catimini a soulevé un tollé parmi les défenseurs des droits humains, et la presse française a protesté contre le fait qu’elle a été tenue à l’écart de plusieurs étapes de cette visite officielle. Et tout cela pour vendre des avions militaires à l’Egypte! Le dictateur Abdel Fattah al-Sissi, responsable d’une répression massive et brutale avec des milliers de morts et de prisonniers torturés de manière généralisée et systématique (HRW), est un allié important de la France, ce qui n’aide ni les forces démocratiques, réformatrices en Egypte, ni au Moyen-Orient, ni en Afrique du Nord.

Le président Macron s’est mis du côté de l’Arabie saoudite dans le combat contre les Houthis au Yemen. La France a vendu des armes à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes qui mènent une guerre « sâle » au Yemen. En même temps, de manière hypocrite, Emmanuel Macron a déploré à plusieurs reprises la crise humanitaire au Yemen.

Après l’escalation de la guerre contre l’Ukraine par le dictateur russe Vladimir Poutine, la France, qui se vante toujours d’avoir « inventé » les droits de l’homme, n’a pas accueilli beaucoup de réfugiés ukrainiens; en Pologne vivent quelques 5 millions d’Ukrainiens, en Allemagne autour d’un million. De surcroît, Macron a voulu faire le médiateur entre Poutine et Zelensky au lieu de souligner le front ferme de l’Ouest contre la Russie; la place de la France est dans le camp occidental, son rôle n’est pas celui d’un médiateur entre Russie et Ukraine. Cette ambiguïté a envoyé un message mitigé à Poutine qui ne pouvait y voir qu’un signe de faiblesse de l’unité occidentale.

Entre le 24 janvier 2022 et le 15 janvier 2023, l’aide bilatérale de la France apportée à l’Ukraine est ridiculement bas (selon Statista): 0,07% du PIB; contre 1,07% pour l’Estonie; 0,63% pour la Pologne; 0,37 pour les Etas-Unis; ou 0,17% pour l’Allemagne, pourtant nettement plus critiquée que la France. Ce manque d’aide militaire, financière, humanitaire fait le jeu de Poutine.

La folie des grandeurs

Après sa réélection, Emmanuel Macron semble avoir pensé qu’il pouvait marché sur l›eau – et il a oublié faire campagne pour gagner une majorité parlementaire. Résultat? Il a perdu la majorité à l’Assemblée nationale.

Emmanuel Macron, comme tous ces prédecesseurs, un moment donné, a commencé à souffrir de la folie de César, de la folie des grandeurs. La France doit abandonner son système présidentiel actuel et permettre une représentation plus équitable, proportionnelle des forces politiques à l’Assemblée nationale et au Sénat. Une bonne mesure pour éviter une instabilité comme pendant la Quatrième République de 1946 à 1958 serait l’introduction d’une «motion de censure constructive» comme en Allemagne (article 67 de la Loi Fondamentale de 1949), qui prévoit qu’un nouveau chef de gouvernement doit être élu pour pouvoir renverser celui en place.

Quant à la réforme des retraites, Macron et les Français se méritent mutuellement.

Lecture: le livre d’Arthur Berdah: Macron. Vérités et légendes. Perrin, mai 2021, 224 pages. Commandez ce livre chez Amazon.fr, Amazon.de. Critique du livre.

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La photo en haut: French President Macron at the Tallinn Digital Summit on September 28, 2017. Photo: Wikimedia Commons. Free photo licensed under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license.

Article ajouté le 5 avril 2023 à 00:39 heure de Paris.