Dans le livre Miró Documents : peinture – poésie, les chercheurs se penchent sur le rêve de Joan Miró (1893-1983) de marier peinture et poésie tout en étant conscient de la dualité entre l’image et le texte, de la contradiction entre ces deux approches.
Ce livre est le fruit du congrès scientifique (symposium) Joan Miró: Painting-Poetry à la New York University à Paris le 9 et 10 novembre 2018. Il a été organisé par le International Miró Research Group, qui fait partie de Càtedra Miró, une initiative créée par la Fundació Miró à Barcelone et l’Universitat Oberta de Cataluny. Ce congrès coïncidait avec la rétrospective Miró au Grand Palais à Paris.
André Masson, qui habitait comme Miró dans la rue Blomet, écrivit en 1973: « Il est évident que pour Joan comme pour moi la poésie, au sens le plus large, était capitale. Être peintre-poète était notre ambition et par cela nous nous différencions de nos aînés qui, même fréquentant les meilleures poètes de leur génération, avaient une peur folle d’être traités par la criqueue de ‘peintres littéraires’. Peintres nous réclamant de l’impératif poétique, nous franchissions un grand fossé. »
En 1924, Joan Miró écrit à son ami et poète, écrivain et critique d’art Michel Leiris que « la prononciation isolée d’une consonne ou d’une voyelle […] sans la moindre signification » peut créer chez les poètes « un état métaphysique surprenant ».
Depuis sa jeunesse à Barcelone jusqu’à ses dernières années à Palma de Majorque, Miró est marquée par cette fascination pour la poésie, écrivent Rémi Labrousse et Robert Lubar Messeri dans leur introduction à Miró Documents : peinture – poésie. Sa bibliothèque – accessible aux chercheurs grâce à son dépôt dans la Fundació Miró à Barcelone par la Sucessió Miró – témoigne, avec ses nombreux recueils poétiques en catalan, espagnol et français.
Les contributions d’une dizaine de chercheures examinent entre autres la relation de Miró avec d’autres artistes et écrivains tels que Josep Maria Junoy, André Breton, Joan Brossa et le groupe rue Blomet, la dimension poétique dans l’œuvre de Miró, l’influence des traditions poétiques de la France et de la Catalogne sur Miró, sa relation à différentes traditions mystiques, la relation entre Miró et Alfred Jarry (auteur de : Ubu roi), la poésie de la nature et la pensée écologique dans l’œuvre de Miró, le rôle des idéogrammes et de la calligraphie orientale dans le dévelopement du langage des signes de Miró, sa maîtrise des gestes expressifs et la structure de sa poésie visuelle, etc.
Rémi Labrusse et Robert Lubar Messeri écrivent dans leur introduction qu’en somme, au-delà du poème en tant que texte, c’est la poésie en tant qu’expérience vitale que Miró a placée au centre de son existence. En la poursuivant dans les formes d’expression les plus variées, il l’a associée à une pratique des images visuelles qui, elle aussi, disbloquait les cadres habituels de la représentation pour laisser affleurer la pure intensité de la vie intérieure. De même que la lecture de la poésie le faisait cheminer au-delà du langage, vers l’illisible, le travail de la peinture le conduisit au-delà des images, vers l’invisible.
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Miró Documents : peinture – poésie. Barcelone, Fundació Joan Miró, 2020, 181 pages. Avec des contributions en français et en anglais. Achetez des livres au sujet de Joan Miró
Pour faciliter la lecture, les citations et citations partielles du livre présenté ne se trouvent pas entre guillemets.
Article ajouté le 21 mars 2021 à 10:09 heure de Paris. Dernière mise à jour à 13:42.
