Du 4 juin au 2 octobre 2022, le château de Chantilly (Oise) montre plus de deux cents feuilles, dessins et gravures de Dürer (1471-1528) sous le titre Albrecht Dürer – Gravure et Renaissance (Amazon.fr). La dernière exposition française consacrée à cet artiste remonte à plus d’un quart de siècle.
L’œuvre de Dürer était promise à l’immortalité. Sa légende, Dürer l’avait principalement façonnée par ses gravures. Il laissa à sa mort un corpus considérable d’une centaine de burins et près de trois cents bois, au sein desquels plusieurs séries conçues pour des livres illustrés, autant de feuilles qui rendent compte d’une exceptionnelle maîtrise technique et d’une puissante ambition artistique pour son médium de prédilecion, qu’il hissa à un rang jamais ateint avant lui.
Pour la première fois, deux des plus importants collections d’œuvres d’Albrecht Dürer en France, celle du musée Condé à Chantilly et celle de la Bibliothèque nationale de France, unissent leur forces avec cette exposition au château de Chantilly.
Albrecht Dürer né le 21 mai 1471 à Nuremberg en Bavière est considéré comme l’artiste allemand le plus important de son époque. Il est peintre, dessinateur, graveur, mathématicien, écrivain et théoricien de l’art, qui participa également grandement au courant humaniste. Il mérite le titre d’esprit universel propre à la Renaissance car il est l’un des premiers à se considérer comme un intellectuel plus que comme un artisan, attitude perceptible dans nombre de ses autoportraits, qui aident qui aident à étendre sa renommée à travers l’Europe; son premier autoportrait, peint à la technique à l’huile, date de 1493 et se trouve aujourd’hui au Louvre.
L’exposition et le catalogue montrent comment Albrecht Dürer a fait ses débuts auprès de Michael Wolgemut, peintre et illustrateur, pour ensuite s’éduquer grace à des voyages de formation sur les traces de Martin Schongauer. Avec ce dernier, comme avec d’autres grands graveurs et dessinateurs germaniques de la Renaissance, il établit un dialogue. A Chantilly comme dans le livre Albrecht Dürer – Gravure et Renaissance, le visiteur et lecteur découvre les rencontres de Dürer avec princes, clercs et humanistes ainsi que ses voyages au Nord de la France et en Suisses, ses séjours répétés en Italie et aux Pays-Bas. Chaque étape de la carrière de cet éminent artiste est l’occasion de découvrir et d’assimiler la production de ses contemporains, d’intégrer et de dépasser les nouveautés techniques et formelles, mais surtout de rayonner et de marquer durablement son temps.
Albrecht Dürer fut l’un des premiers artistes d’Europe du Nord à se confronter à l’art de la Renaissance italienne. Il est notamment influencé par Andrea Mantegna et Antonio Pollaiuolo. Il visite l’Italie en 1494 et en 1505. Sa production prolifique de gravures raffinées contribue à son prestige internationale car ces images sont aisées à reproduire et à diffuser et témoignent de son talent immense.
Albrecht Dürer est décédé le 6 avril 1528 et enterré à Nuremberg dans le cimetière de l’Eglise Saint-Jean à laquelle il avait consacré en 1489 une aquarelle qui est considéré comme le premier paysage réel un couleur de l’histoire de l’art.
Le catalogue
Albrecht Dürer – Gravure et Renaissance. Sous la direction de Mathieu Deldicque, Conservateur du patrimoine au musée Condé, château de Chantilly et Caroline Vrand, Conservateur du patrimoine, BNF. Avec des contributions de 11 auteurs. Publié par in fine Editions d’Art, juin 2022, 288 pages avec 271 illustrations, 20 x 25 cm, cartonnée contrecollé. Commandez ce livre chez Amazon.fr.
Les auteurs examinent le rayonnement culturel de la ville de Nuremberg en Europe à l’aube de l’année 1500, le jeune Dürer et la gravure, l’atelier de Dürer, Dürer aux Pays-Bas, Dürer et l’Italie, y inclut notamment des chapitres au sujet de Dürer et Léonard de Vinci, Dürer et Raphael, Dürer et les graveurs germaniques de son temps, imiter et surpasser la nature, ainsi que bien d’autres thèmes encore.
Il ne s’agit pas d’une monographie, mais d’un catalogue concentré sur la production gravée du maître, qui se propose également d’étudier la façon dont de l’art de l’estampe favorisa les échanges artistiques européens. La gravure est en effet le médium de l’échange par excellence. Aisément reproductible
et transportable, elle passait les frontières et circulait parmi les artistes.
Pour faciliter la lecture, les citations et citations partielles dans cette critique de livre ne se trouvent pas entre guillemets.
Critique du livre / catalogue d’exposition ajouté le 1er août 2022 à 16:58 heure de Paris.
