In-Sook Son

Déc 19, 2018 at 11:51 1096

L'exposition de l'artiste contemporaine coréenne au Musée Guimet

Chaque fois que je réside au Shangri-La Hotel Paris, je fais un saut au Musée Guimet que se trouve juste de l’autre côté de la place d’Iéna. En janvier 2016, j’ai ainsi visité les expositions Tigres de papier, cinq siècles de peinture en Corée et Intérieur coréen : Œuvres de In-Sook Son, qui sont présentées dans le cadre de la célébration du 130ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Corée et la France.

Intérieur coréen : Œuvres de In-Sook Son. Musée Guimet Paris, Snoeck, Septembre 2015, 192 pages. Commandez ce livre chez Amazon.fr. L’exposition au Musée Guimet à Paris ferme ses portes le 14 mars 2016.

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L’exposition Intérieur coréen : Œuvres de In-Sook Son reste encore ouverte jusqu’au 14 mars. Elle présente une artiste qui a consacré toute sa vie à l’art de la broderie, dont le goût lui a été transmis par sa mère. In-Sook Son s’inspire notamment des textiles traditionnels de la Corée pour en faire sa version revisitée et contemporaine. Jusqu’à présent, elle a réalisé quelques 4000 œuvres qui se distinguent par leur qualité et leur singularité.

Le catalogue et l’exposition nous éclairent sur la place des femmes dans la société coréenne à l’époque Choson, sur l’art du textile en Corée, sur l’art de In-Sook Son et sur son monde artistique. Les pièces exposées au Musée Guimet ainsi que dans le catalogue incluent des costumes et norigae, des parures et accessoires ainsi que des pojagi.

L’époque Choson (1392-1910) est marquée par l’avancée du confucianisme ou, plus exactement, du néoconfucianisme. La Corée devient ainsi plus confucéenne que la Chine, tout en développant une identité propre. Le fondateur de la dynastie Choson ainsi que son fils mènent une politique anti-bouddhique pour ainsi limiter l’influence des monastères, dont les terres et esclaves sont confisquées par l’Etat, qui introduit l’écriture coréenne hangeul et un ordre social plus rigide et qui limite les libertés des femmes, qui s’occupent dorénavant exclusivement des affaires domestiques. Le mari commande, la femme obéit. C’est donc dans ce contexte bien particulier que les femmes se sont adonnées à la broderie, comme passe-temps, et comme seul moyen d’expression de leur créativité.

Quant à l’artiste In-Sook Son, née dans la Corée post-Choson, son art s’inscrit dont la tradition, toute en la réinventant. Née dans un village au bord de la mer, issue d’une grande famille de brodeuses qui lui a transmis cette passion, elle a été inspirée par sa grand-mère et sa mère. Cette dernière lui disait toujours que le 21ème siècle serait marqué par une sorte de guerre de la culture et qu’il faudrait donc se battre pour conserver l’héritage de la broderie traditionnelle. In-Sook Son a suivi les conseils de sa mère, on sauvegardant la tradition non pas par la simple perpétuation, mais par la réinvention de celle-ci.

In-Sook Son est diplômée de la plus réputée des universités coréennes dans le domaine de l’art et du textile. Elle commence à broder de manière régulière à partir de 1976. A l’occasion du bicentenaire de l’indépendance des Etats-Unis, elle brode la Déclaration de l’indépendance. Sa première exposition individuelle suit en 1986. Elle développe dès ses premières œuvres son style de broderie personnel et contemporain, créant des objets inédits.

In-Sook Son réinvente les pojagi, en les encadrant comme des peintures ou en les transformant en rideaux. Elle redessine les hanbok, l’habit traditionnel, qu’elle adapte à chaque personnalité qui le porte. Elle crée même des meubles ornés de broderies, reprenant les formes typiques, tout en les adaptant à son goût, pour ainsi conserver ses broderies. Elle travaille avec des spécialistes et cherche la perfection. La création d’un objet de broderie peut lui prendre entre quatre jusqu’à cinq ans, la fabrication d’un meuble même jusqu’à vingt années !

De cet art répétitif jusqu’au 20ème siècle, In-Sook Son a fait un art de l’aiguille et du fil à caractère unique qui lui permet une grande liberté d’expression. L’artiste crée des broderies qui cherchent à sublimer son univers de la vie quotidienne, en ouvrant cet art traditionnel au monde, dépassant les limites du passé Choson.

Encore jusqu’au 14 mars, pour la première fois hors de Corée, le Musée Guimet présent les objets de In-Sook Son. L’exposition présente des meubles, pojagihanbok, vestes, jupes, robes de mariée, norigae(noeuds), épingles, chaussures, chapeaux, pendentifs, broches, sacs et autres objets d’une qualité exquise.

Le catalogue de l’exposition est la source de cet article: Intérieur coréen : Œuvres de In-Sook Son. Musée Guimet Paris, Snoeck, Septembre 2015, 192 pages. Commandez ce livre chez Amazon.fr.

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