Le livre collectif, L’Iran et ses rivaux (Amazon.fr), dirigé par Clément Therme, explore la relation du régime iranien avec les Etats-Unis, la Chine, la Russie, le Caucase du Sud, la Turquie, Israël, la France, l’Arabie saoudite, l’Amérique latine, l’Afrique subsaharienne et les minorités en Iran.
Plus de 40 ans après la révolution islamique de 1979, la question de l’intégration du régime iranien dans son contexte régional et de sa place au sein de la communauté internationale n’est toujours pas réglée. Dans leur conclusion à la fin du livre, les auteurs mentionnent trois élements structurants qui exliquent l’incapacité de Téhéran à affirmer son indépendance sur la scène internationale.
La première dimension à trait à l’idéologie khomeyniste et son opposition structurelle aux Etats-Unis. Le second élement est lié à la survie du régime de la République islamique qui craint un renversement par un mouvement social. Cette peur a conduit le régime à faire un lien entre l’ennemi de l’intérieur (les forces démocratiques) et l’ennemi de l’extérieur (les Etats-Unis). Le troisième élement de cette difficulté de l’Iran à construire une politique extérieure indépendante et fondée sur des relations de bon voisinage avec ses quince pays voisins s’explique par les évolutions régionales autour des frontières iraniennes. Les guerres en Afghanistan, Iraq et les printemps arabes ont conduit à l’affaiblissement des structures étatiques dans l’environnement régional de l’Iran. Cela a certes permis au régime de renforcer ses réseaux d’influence en développant ses liens avec des groupes non-étatiques (Hezbollah libanais, Houthis au Yemen, milices chiites en Iraq et en Syrie), mais cela a également rendu l’influence régionale de l’Iran plus problématique pour les Etats voisins, en particulier ceux de la péninsule Arabique.
La sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire à conduit l’Iran dans une crise économique avec une récession attendue de 9,5% pour l’année iranienne de mars 2019 à mars 2020. Les sanctions unilatérales de Trump sur les hydrocarburants iraniens ont fait chuter les exportations pétrolières iraniennes de 2,4 mb par jour en 2018 à moins de 500,000 barils pour jour en janvier 2020. L’incapacité iranienne à répondre aux sanctions américaines à plusieurs raisons : la supériorité militaire des Etats-Unis, le fait que le détroit d’Ormuz est utilisé par l’Iran lui-même, au partenaires majeurs de l’Iran, notamment la Chine, qui s’opposent à toute perturbation du trafic pétrolier dans le détroit d’Ormuz.
Malgré les menaces lors de la guerre Iran-Iraq de 1980-88 et au moment des précédentes sanctions pétrolières des EU et de l’UE en 2011-12, l’Iran n’a jamais mis à exécution la fermeture du détroit d’Ormuz. Les auteurs mentionnent également l’assassinat extrajudiciaire du général Soleimani par les forces américaines et l’erreur militaire du tir de missiles iraniens qui ont abattu un avion de ligne d’Ukrainiens Airlines, qui a conduit à une crise de confiance interne en Iran.
Les auteurs arrivent à la conclusion que, malgré une situation stratégique favorable, l’Iran n’est pas parvenu à réaliser le potentiel lié à cette position géographique exceptionnelle. J’ajouterais que, toutefois, le potentiel de nuisance du régime iranien dans la région est énorme. Les auteurs soulignent que l’hostilié aux EU grève le potential de développement économique de l’Iran, limite la construction de relations de bon voisinage avec les pays limitrophes, et que la dimension révolutionnaire de la République islamique est un obstacle à la conclusion d’alliances régionales conformes aux intérêts régionaux de l’Iran.
Ce ne sont que quelques conclusions d’un livre qui analyse, pays par pays, région par région, les relations internationales de l’Iran.
[P.S. Ajouté le 15 mars 2020 à 11:09 heure de Paris : Actuellement, le plus grand danger pour l’Iran s’appelle coronavirus.].
Sous la direction de Clément Therme : L’Iran et ses rivaux, Passés composés, février 2020, 208 pages. Commandez ce livre chez Amazon.fr.
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Cet article se base sur le livre L’Iran et ses rivaux. Pour faciliter la lecture, les citations et citations partielles ne se trouvent pas entre guillemets.
Critique de livre du 13 mars 2020. Ajouté à 22:10 heure de Paris.
